La démocratie en question – l’édito de Patrice Chabanet
La polémique sur le projet d’autoroute entre Toulouse et Castres illustre une fois de plus les déchirements de notre démocratie. Qui peut prétendre parler au nom du peuple ? Les représentants des instances élues (Assemblée nationale, Sénat, conseils régionaux, départementaux et municipaux) ou les associations fondées pour la défense d’une cause ? Notre Constitution prévoit le droit d’expression, donc de manifester.
Sur le papier l’avantage revient aux élus, et cela d’autant plus qu’ils remettent régulièrement en jeu leur mandat. Le mot élection n’est pas une fantaisie de vocabulaire. Les associations tirent leur légitimité de leur impact dans l’opinion, validé par le nombre de manifestants qu’ils mobilisent. Mais c’est là que le bât blesse. Quid de la violence qui s’agglutine aux manifs ? Ce n’est pas nous, protestent les organisateurs, en pointant le rôle passif du pouvoir politique, incapable d’assurer l’ordre. Un peu facile. Une aubaine pour ce dernier qui ne manque pas une occasion de dénoncer les responsabilités de ceux qui appellent à manifester.
En fait, il en est des associations protestataires comme des partis politiques. Elles se laissent infiltrer, par faiblesse ou naïveté, par des minorités agissantes. Quand elles perdent la main et qu’elles refusent de se démarquer, c’est la démocratie qui met un genou à terre ou qui se met carrément à genoux. Dans un autre domaine, soutenir le Hamas n’a rien d’une opinion mais d’une participation à une démarche criminelle. Cette fois-ci, s’opposer violemment à un projet d’infrastructure est peut-être justifiable sur le principe, mais demeure inexcusable.