La Covid touche encore les personnes en détresse
Social. L’association « les Pierres posées » a tenu son assemblée générale. Elle constate les difficultés de passer le cap de l’après Covid pour ses bénéficiaires. Du coup, elle est obligée de s’adapter et de se réinventer.
A l’occasion de l’assemblée générale des « Pierres posées », Gaëtane Hurter, la présidente depuis quatre ans, a tenu à rappeler, en premier lieu, l’objet de l’association qui est de « gérer, d’animer et d’administrer » la Maison Relais de Chaumont.
Cette dernière est destinée à l’accueil des personnes au faible niveau de ressources, en situation d’exclusion et dont la situation sociale, sanitaire et psychologique voire psychiatrique rend difficile leur accès à un logement ordinaire. Le tout se fait sous convention signée avec les pouvoirs publics.
26 résidents pour 25 appartements
Philippe Palpacuer, le directeur de la pension de famille, explique que l’association gère 26 résidents pour 25 appartements avec une dérogation pour deux personnes qui s’entraident. Il parle ainsi « d’un résident en collocation « forcée » dans un F2 qui est devenue officielle ». Problème à gérer : l’association est payée pour 25 résidents et non pas 26.
« Nous avons constaté que les résidents étaient plus à la recherche de moments privilégiés et individuels avec les deux permanents ».
Selon les mots du directeur, « Les Pierres posées » proposent « un cadre de vie rassurant et humain qui doit permettre à chacun de retrouver une stabilité, se refaire une santé, de ne pas gommer son passé mais de reprendre progressivement confiance en ses capacités afin de se remettre en position d’acteur de son projet de vie ».
Il continue : « pour cela, la pension de famille doit être chaleureuse et sécurisante afin d’offrir des repères aux résidents, de leur redonner un rythme de vie ordinaire, de les aider à réapprendre les gestes du quotidien et de pouvoir prendre soin d’eux et de leur santé ».
Deux problèmes à gérer
Malgré tout, l’association se heurte à deux problèmes récurrents qui ne permettent pas de renouveler les résidents périodiquement ou d’avoir un turn over plus important : la typologie du public et les effets de la crise sanitaire.
Parmi les 26 résidents, seize ont plus de 50 ans et 22 ont des problèmes d’addiction, de l’alcool à la drogue en passant par le jeu. Pour eux, il est extrêmement compliqué d’espérer une sortie des Pierres posées. Treize ont des problèmes psychiatriques et deux sont dans le déni d’où un suivi quotidien par les salariés.
Toujours parmi ces 26 résidents, 21 sont sous mesure de protection. Philippe Palpacuer raconte : « nous travaillons en étroite collaboration avec chacun des tuteurs des résidents sous mesure de protection et nous les rencontrons régulièrement. Quant aux autres résidents, notre rôle est d’être présent quotidiennement pour les accompagner dans la gestion de leur budget. Certains d’entre eux ne maitrisent pas très bien la lecture ou d’autres ont tendance à tout dépenser dans leurs addictions ».
Marquée par la crise sanitaire
Quant à la crise sanitaire, elle a marqué le fonctionnement de la pension de famille. Philippe Palpacuer parle de fortes répercussions sur le comportement des résidents. Ils ont eu tendance à s’isoler, à se replier et les actions collectives fonctionnent moins bien. Le directeur le dit : « nous avons constaté que les résidents étaient plus à la recherche de moments privilégiés et individuels avec les deux permanents ».
Il poursuit : « nous nous sommes réorientés vers des actions en plus petits groupes pour que chacun puisse trouver voire retrouver des repères perdus pendant le confinement. Sur cette année 2022, nous poursuivons ce nouveau fonctionnement. Nous évaluerons et nous nous réadapterons en fonction des besoins et des désirs de chacun ». Gaëtane Hurter conclut : « notre but est de construire une identité propre à chacun ».
Frédéric Thévenin