Le CNIEL étudie la conjoncture laitière et son impact en Haute-Marne
Elevage. Pour le Cniel, l’interprofession laitière, Benoit Rouyer est revenu sur la conjoncture laitière entre augmentation des charges et guerre en Ukraine lors de l’assemblée générale de la FDPL.
Le marché laitier est dans une situation totalement inédite entre une offre laitière peu dynamique dans le monde, une demande des consommateurs qui se maintient voire progresse et des charges qui explosent. Comme le dit Benoit Rouyer, « le tout est amplifié par la guerre en Ukraine et la situation est appelée à durer ».
Du côté de la production, seuls les Etats-Unis ont augmenté durant les 12 mois (+ 1,5 %). L’Europe est stable. La Nouvelle-Zélande baisse pour des considérations environnementales et la France voit réduire son offre alors que la demande est là. Le pire, pour Benoit Rouyer, est que cette tendance s’amplifie en 2022 et devient structurelle. La France a perdu 5 % de la production laitière en 5 ans avec une raison principale : le non renouvellement des générations. Le pire est à venir puisque moitié des éleveurs laitiers seront à la retraite dans les 10 ans à venir.
Spirale inflationniste
En parallèle, il évoque la spirale inflationniste des prix des produits laitiers industriels au niveau du marché mondial. Il pense au beurre qui a pris 59 % en un an et la poudre de lait 60 %. La valorisation de ces deux produits devrait pousser le prix du lait payé aux producteurs du lait à 550 € / 1 000 l. Or, il est actuellement autour de 380.
Du côté des charges, les éleveurs subissent une hausse de 13 % des intrants en un an et les laiteries des autres matières premières comme l’emballage plastique (+ 11 %), le carton (+ 17 %) et le gaz (+ 73 %).
Par contre, alors que les charges augmentent à tous les niveaux, Benoit Rouyer souligne un paradoxe : la stagnation des prix des produits laitiers en magasin (+ 0 à + 2 %). Il s’interroge : « comment faire lorsque les produits laitiers vendus en magasin sont quasi stables alors que tout le reste augmente ? ». Pour lui, « cela promet des heurts importants ».
Problème de ressource
A cette situation s’ajoute celle de l’Ukraine. Elle ne touche que très peu le marché des produits laitiers mais le problème va venir du côté des engrais venus de Russie et des céréales et huiles venues d’Ukraine ce qui porterait la valorisation du mix beurre/poudre vers des sommets. Jusqu’au printemps 2023, le lait payé aux producteurs devrait atteindre 600 €. Or, les laiteries ne sont pas prêtes à se plier à cette tendance.
En fait, le problème essentiel à venir dans le monde laitier sera, selon Benoit Rouyer, celui de la ressource avec la crainte de pénuries du fait de la guerre mais aussi des changements climatiques. Dans les 10 ans, selon l’organisation des Nations unies pour l’alimentation, la consommation des produits laitiers dans le monde devrait augmenter de 1,7 %. Elle sera portée par l’Asie.
Enorme paradoxe : alors que la demande va encore progresser, l’Europe met en place le Green Deal qui prévoit de faire baisser la production de lait de 10 % afin de réduire l’empreinte carbone.
Frédéric Thévenin
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