La chute infernale – L’édito de Patrice Chabanet
On ne sait pas où l’on va, mais on y va… Etrange ambiance, avec l’accélération des évènements. En l’espace de 24 heures, le Kremlin se décide enfin à parler de guerre, et non plus d’opération militaire spéciale, et un peu plus tard une fusillade meurtrière éclate dans une grande salle de spectacles à la périphérie de Moscou. Si on élargit la focale du temps on apprend que la veille la ville ukrainienne de Kharkiv a été violemment bombardée avant de sombrer dans une panne de courant générale. Après cela il devient impossible de se payer de mots : c’est la guerre qui étend ses tentacules.
Simple coïncidence : ce coup d’accélérateur de l’Histoire intervient après la réélection trop belle pour être honnête de Vladimir Poutine. Le président de la Fédération de Russie n’a plus peur de rien pour asseoir son pouvoir. La fusillade de ce vendredi et l’incendie qui a suivi font penser à la tragédie de 2002 dans un théâtre de Moscou : l’attaque avait été attribuée à des Tchétchènes. La réplique des autorités avait été féroce avec la mort de centaines de personnes, terroristes présumés et otages. Pour certains, ce qui s’est passé dans la salle de spectacles nous ramène à l’incendie du Reichstag en 1933, prétexte pour les nazis à l’élimination de toute forme d’opposition.
Les Ukrainiens, qui se sentent désignés, plaident leur innocence. On les comprend. Comment dans une ville super “fliquée” des commandos bien armés ont-ils pu parvenir à leur fin ? La revendication de l’attentat par Daech paraît bizarre. La guerre d’Ukraine ne fait sans doute que rebondir.