La chasse, ça ne s’improvise pas
Nous avons pu profiter d’une journée chasseresse pour découvrir, en forêt du Val Magenta, tous les préparatifs et la réglementation d’une discipline où rien n’est fait au hasard. La fédération haut-marnaise de chasse cherche à se féminiser.
C’est une opération séduction à laquelle on n’aurait pas forcément pensé. « Cet hiver, votre journée chasseresse est offerte en Haute-Marne si vous conviez un ami à découvrir votre passion. » La Fédération départementale des chasseurs de Haute-Marne incite ainsi ses chasseurs à inviter des femmes ayant à la fois une méconnaissance de la discipline et potentiellement, une attirance pour cette activité.
Une forêt de 1 147 hectares
Frédéric Mayeur, adjudicateur de la société de chasse du Val Magenta, située sur le territoire de Saint-Dizier, nous accueille ce dimanche matin d’hiver, sur sa propriété. Il est 7 h 30. Lui entend profiter de l’opération pour rappeler ce que sont les mots d’ordre à la chasse – « respect, transmission, partage et éthique ». L’intéressé parle « d’une chasse », lorsqu’il évoque « un territoire, un bois », dont il connaît par cœur chaque mètre carré des 1 147 hectares. Sa société représente 47 chasseurs, ainsi que 100 sangliers et 60 chevreuils abattus par an.
Si l’on peut s’émouvoir des chiffres, il est utile de rappeler que les chasseurs gèrent le nombre de bêtes tuées pour limiter les dégâts agricoles, entretiennent les forêts, participent à l’équilibre agro-sylvo-cynégétique. Les clichés ont la vie dure et Frédéric Mayeur fait tout pour les combattre, ce que nous allons rapidement pouvoir découvrir.
Nous partons en direction de la « belle maison », pavillon construit en 1838 pour la famille d’Orléans, point névralgique où se retrouvent les chasseurs pour les différentes étapes du briefing. Il est 8 h 30. Saint-Dizier d’un côté, Humbécourt de l’autre, Eurville-Bienville par ici, Troisfontaines-la-Ville par là, tous les chemins mènent au repère du Val Magenta. Le patron s’enregistre comme tous les autres. Carte de fédération, assurance… tout est noté dans le registre du jour.
C’est un peu le maître-mot. Toutes les données sont répertoriées, le nombre de bêtes tuées, par quel chasseur, à quel endroit. Avant de chasser, on rappelle la place des traqueurs, qui rabattent le gibier, celle des chefs de lignes, qui placent les chasseurs… Tout est anticipé et précisé avant le début de la chasse à proprement parler. Ici, c’est tolérance zéro et pas de place à l’improvisation. Quelques jours précédant ce dimanche, Frédéric Mayeur a contacté la société de chasse voisine pour parler sécurité.
Place au briefing. Il est 9 h 30. « La dernière fois, il y avait deux lignes dos à dos, pas de ça aujourd’hui !, insiste Frédéric Mayeur. La tranche du milieu sera fermée aujourd’hui pour des raisons de sécurité ». Avant la lecture d’une quinzaine d’obligations à respecter pour les « traqueurs », autant pour les « placés ».
Il est 10 h, les chasseurs partent à leur poste. Les chiens sont équipés d’une puce qui permet de les tracer via une application. Nous sommes au milieu des bois. Frédéric Mayeur sonne le clairon. La chasse est ouverte.
N. F.
Les chasseresses en force
Florence Caron, vice-présidente de la Fédération de chasse de Haute-Marne, veut « bouger les choses, trouver de nouvelles idées pour faire grandir la chasse et féminiser ». Elle compte sur des « jeunes, rigoureuses », pour y parvenir. Parmi elles, Julie, 23 ans, passionnée de chasse de par son père. Ce jour-là, la jeune femme a obtenu un droit de tir, c’est-à-dire l’autorisation de tirer une seule cartouche pour un chevreuil. Il y avait également Lisa et Manoli, 16 et 19 ans, qui comptent simplement quelques mois de pratique. Sur la saison 2021-2022, on recensait 290 chasseresses en Haute-Marne, soit 4,5 % des chasseurs, contre 2,5 % au niveau national, pour une moyenne d’âge de 40 ans.