La chasse à cor et à cri au musée de la coutellerie

Vous prenez un directeur de musée avec ses connaissances historiques, un directeur de la Fédération de chasse utilisateur de couteaux de chasse, deux couteliers et des sonneurs de trompes et vous obtenez une soirée au musée de la coutellerie complètement inédite.

Le premier rendez-vous de l’année axé sur la coutellerie de chasse a fait salle comble.

Admirateur de la coutellerie de chasse, Frédéric Pruvost, directeur du musée, a replacé la coutellerie dans son contexte historique remontant les siècles. Avec la mondialisation, l’accès des matières précieuses a été facilité et s’est développé. Le bassin nogentais travaillera alors des matériaux précieux comme la nacre, l’ivoire, l’écaille de tortue. Biesles se spécialisera en coutellerie de chasse. Dans cette époque de désir d’ostentation, le luxe rencontra le savoir-faire des artisans nogentais qui œuvreront pour de nombreuses maisons de négoce. Dagues, couteaux à cran d’arrêt, couteaux de cavaliers et de chasseurs seront pléthores. Les pièces du fond Guillemin-Renaut en témoignent au musée.

De l’agréable à l’utile

Après une présentation de plusieurs “beaux couteaux”, Thomas Corvasce, directeur de la Fédération de chasse, a pris le relais pour répondre à la question : les couteaux pour quels usages ? Capture, éviscération, dépeçage, l’après-chasse, à chaque étape son couteau précisément décrit avant que des couteliers n’entrent dans le vif du sujet en présentant quelques-unes de leurs pièces. « Je me suis toujours passionné pour les couteaux », explique Pascal Hémonnot, dessinateur chez Eloi Pernet à ses débuts en 1993 puis coutelier à son compte depuis 1994. Parler couteau coule de source. Dague à d’Estaing, couteau d’Anne, le couvert de l’honnête homme… chaque couteau porte un nom. Derrière son épieu de chasse, Pascal Hémonnot a brandi haut et fort les couleurs d’un artisanat de qualité au savoir-faire unique pour certaines pièces. Quant à Charly Gascard, venu avec des modèles emblématiques, il n’a pas manqué d’honorer la spécificité des couteaux “plein manche”, signés Mongin. Dagues pour le château de Chambord, soie forgée qui traverse le manche, matière précieuse comme la corne de buffle, là encore le savoir-faire frappe fort. Et quand le public pose la question à Thomas Corvasce « quel serait l’avenir si la chasse venait à disparaître ? », c’est avec cœur que l’équilibre cynégétique est clairement expliqué : plus de chasse, plus de régulation et au final quid de l’espèce humaine ? Qu’en serait-il alors de cette coutellerie de chasse qui a mis 30 ans avant d’être évoquée au musée, comme l’a souligné Pascal Hémonnot. L’histoire ne fait que commencer « même si notre collection est pauvre en quantité il y a encore beaucoup à dire », paroles d’un directeur de musée bien motivé à aiguiser les curiosités !

Une conférence pleine d’échos

Rassemblés devant le musée, neuf sonneurs de trompes de chasse de la compagnie Les Echos du Vallage ne sont pas passés inaperçus avant de poursuivre par des interludes à l’intérieur. Véritable prédécesseur du téléphone portable, chaque sonnerie se rapporte aux différentes situations vécues lors des parties de chasse (le départ, la marche de vénerie, passer l’eau, l’hallali, les honneurs…). De circonstances, de lieux-dits et d’animaux, les fanfares ont plongé le public dans une ambiance de chasse avec un décor fourni par des animaux empaillés prêtés par la Fédération de chasse de Haute-Marne. Dans les rangs des sonneurs, Valentin, 15 ans, Lucas, et Stan, 12 ans, le trio de frères, était la preuve vivante que l’écho des trompes a encore de l’avenir dans cette société basée à Mussey qui compte 18 membres sous la présidence de Jean-Pierre Thanier.