La catastrophe – L’édito de Patrice Chabanet
Il est loin le temps où le Liban était appelé
« la Suisse du Proche-Orient ». Le très fragile équilibre
interreligieux ne parvient plus à maintenir un semblant d’unité. La population
n’en a cure. Elle rejette en bloc la classe politique accusée de laisser la
corruption se développer sans frein, pendant que les Libanais galèrent pour
subvenir à leurs besoins les plus élémentaires. Tout est là pour une nouvelle
guerre civile. L’explosion d’hier n’est finalement que le parachèvement d’un
lent processus d’autodestruction.
Quoi qu’il en soit, le sort du Liban ne laisse pas indifférents plusieurs
acteurs de la scène proche-orientale. L’Iran défend bec et ongles son allié
hezbollah bien installé au Liban. Israël, pour sa part renforce sa frontière
nord, précisément pour empêcher toute infiltration du Hezbollah sur son
territoire. Et les Libanais dans tout ça ? Ils n’ont que leurs yeux pour
pleurer et assister à des combats qui les dépassent. On imagine aisément la
suite, si la thèse de l’attentat se confirme. Le spectre de la guerre civile de
1985 est encore dans tous les esprits. Le risque d’une guerre totale avec des
voisins qui veulent en découdre entre eux n’est pas à exclure non plus. Pauvre
Liban !