La case d’épargne
Les Français n’ont pas épargné autant depuis 2009. Ils ont placé près de 20 milliards d’euros sur le Livret A au premier trimestre de cette année, selon la Caisse des Dépôts. Ce regain d’intérêt pour le bas de laine s’explique en grande partie par le coup de pouce donné au taux de rémunération (3 % depuis février). L’encours du livret préféré de nos compatriotes approche lentement mais sûrement de la barre symbolique des 400 milliards d’euros.
En fait, le phénomène demeure étrange à bien des égards. Au moment où le pouvoir d’achat s’érode sous le poids de l’inflation, la logique voudrait que les Français puisent dans leur épargne. Or c’est tout le contraire qui se produit. Autre observation : la surépargne du premier trimestre est provoquée par un taux de rémunération encore largement inférieur à celui de l’inflation. La logique du « moins pire ».
Les analyses économiques ne suffisent pas pour expliquer ces constats contradictoires. Les études de comportements sont sans doute plus appropriées, ne serait-ce que pour discerner les causes profondes de cette avalanche d’épargne. Deux menaces pèsent dans l’esprit des épargnants : la guerre et la crise financière que d’aucuns annoncent pire que celle de 2008.
N’oublions pas enfin que le paysage économique et social est composite. Ceux qui épargnent le plus ne sont pas forcément les mêmes qui consomment le moins. Les réservations pour les vacances n’ont jamais été aussi nombreuses. Il n’est pas dit qu’elles soient passées en vidant les comptes d’épargne. Dernière hypothèse : la consommation considérée comme une forme… d’épargne. Ce qui est pris est pris. Demain, il sera encore temps de se livrer à de savants arbitrages entre l’argent mis de côté et les dépenses du ménage.
Patrice Chabanet