La bourde – L’édito de Christophe Bonnefoy
C’est pas le moment. C’est pas l’époque. C’est la bourde. Comme si la réforme des retraites avait besoin qu’on l’aide à s’enfoncer encore un peu plus dans l’impopularité.
En politique, chaque mot a un sens et peut devenir une arme. Y compris contre soi-même. Chaque interview, chaque phrase, chaque commentaire qui sort un peu du discours convenu ou du message formaté devient potentiellement un message à risque.
Le ministre des Relations avec le Parlement, Franck Riester, en a fait les frais ces dernières heures. En admettant que ce projet de réforme n’avantage pas vraiment les femmes, il vient, non pas d’asséner un argument massue en faveur du texte à venir, mais au contraire de faire exploser une petite grenade au visage du gouvernement. Une bombinette de plus à désamorcer.
On imagine, si Emmanuel Macron a pris soin de décrocher son téléphone, quelle a été la teneur de la conversation. Une soufflante ! Ni plus, ni moins !
Les fronts sont déjà suffisamment nombreux, pour qu’on ne vienne pas en ouvrir un autre. C’est toute la tâche, d’ailleurs, du ministre du Travail, Olivier Dussopt : tenter d’apaiser, d’expliquer, de jouer les pédagogues. Pour résumer : de faire accepter aux Français ce qu’ils rejettent majoritairement. La sortie de Franck Riester tombe donc au mauvais moment. Et à la mauvaise époque, assurément. Dans une société dont l’un des combats est l’égalité hommes/femmes et même, allons plus loin, où le #balance et le #metoo sont brandis avec force depuis des mois par les féministes – mais pas qu’elles -, suggérer que la retraite creusera plus profond un fossé déjà existant laisse imaginer quels arguments seront utilisés par les oppositions au projet de réforme.
Y’a encore du travail, y compris d’ailleurs pour convaincre dans les propres rangs de la majorité…