La bonne résolution 2024 ? Ne pas en prendre…
Qui dit nouvelle année, dit philosophiquement nouveau départ avec son lot d’objectifs fixés pour les douze prochains mois. Ces fameuses « bonnes résolutions ». En Bragardie en revanche, on n’est pas vraiment du genre à se plier à cette injonction sociétale…
C’est LA question qui revient naturellement après le traditionnel « Bonne année » du 1er janvier : « Alors, tu as pris quoi comme bonnes résolutions pour cette nouvelle année ? » Dans l’imaginaire collectif, on répondrait tout aussi naturellement : « Tiens, je vais me mettre au sport », « je vais arrêter de fumer » ou encore « je vais peut-être y aller mollo sur l’alcool ». Pas du tout ! Si c’était vrai fut un temps, en 2024, la pratique visant à profiter du changement d’année pour se fixer de nouveaux objectifs est désormais désuète. C’est d’ailleurs en parcourant Saint-Dizier, mardi 2 janvier, que nous nous en sommes rendu compte.
« On va prendre l’année comme elle se présente »
Et il n’a pas fallu bien longtemps. Dès la première passante interrogée, le ton est donné : « Je n’y ai pas encore réfléchi. Je vis au jour le jour ». Cela aurait pu être un simple cas particulier, mais mis à part ceux qui n’éprouvaient pas le besoin d’en prendre et ceux qui ne voyaient pas l’intérêt d’attendre le 1er janvier pour changer leurs habitudes, c’est cet esprit « carpe diem » qui est revenu. Comme pour Dimitri, 37 ans, se fixant tout de même, après réflexion, l’objectif de développer son affaire, ainsi que pour Amir, 42 ans, café en main, espérant pouvoir trouver une formation. « On va prendre l’année comme elle se présente. L’avenir est plutôt instable. On y va « step by step » et on verra bien », argumente Christelle, 30 ans, du même avis qu’eux. À chaque jour suffit sa peine donc, comme le rappait Nessbeal en 2010.
Et si ce n’était pas ça quelque part la bonne résolution de l’année : s’occuper exclusivement de l’instant présent ? Pour Lise, 47 ans, c’est un grand oui : « Je n’en ai pris qu’une : vivre chaque jour et chaque moment en pleine conscience. C’est-à-dire de se rendre compte de ce qu’on fait, de ressentir… Je pense que ce n’est pas utile d’en faire des listes complètes. À trop se donner des injonctions, on ne s’y tient pas. » Avant de conclure sa réflexion par une interrogation des plus spirituelles : « Et puis finalement, l’essentiel, est-ce que ce n’est pas juste de profiter de la vie ? »
Dominique Lemoine
Une coutume remontant à l’Antiquité
Prendre de bonnes résolutions à l’occasion du Nouvel An n’est en rien récent. Selon le magazine spécialisé Historia et Joanne Dickson, professeur de psychologie et de santé mentale à l’Université Edith Cowan, dans Le Journal du Dimanche, cette pratique remonterait à l’Antiquité. « Historiquement, les Babyloniens, il y a environ 4 000 ans, sont les premiers à avoir pris des engagements pour la nouvelle année (qui deviendront plus tard des résolutions) », précise le dernier cité dans un article dédié. « À la nouvelle lune suivant le solstice de printemps démarrent onze jours de célébrations pendant lesquels la population multiplie les promesses auprès des divinités. En échange, les dieux sont censés accorder leur protection aux fidèles », complète le mensuel Historia. La coutume aurait ensuite été reprise durant l’Empire romain, puis, de manière différente, au cours des époques qui ont suivi, avec au fil du temps une sorte de désacralisation par la moquerie notamment, voire aujourd’hui du désintérêt.