La Bajon : « On oublie de rire de tout »
Interview. Avocate, pilote, conseillère scientifique, spationaute, députée, riche héritière, professeure… La Bajon incarne et rit de nombreux personnages. Le 11 mars prochain, elle les jouera à Chaumont. Elle se confie sur ce spectacle, « L’Extraterrienne », dans lequel elle tente de résoudre des problèmes sociétaux avant de décoller pour Mars.
JHM Quotidien : Depuis quand jouez-vous le spectacle « L’Extraterrienne » ?
La Bajon : Je le joue depuis le mois de janvier. On a déjà fait 13 ou 14 représentations. On est très contents car ça marche très bien. Il est très différent du spectacle d’avant. Là on va partir sur Mars et avant on cherche à régler les différents problèmes de la société, comme le racisme ou la dette.
JHM : Ce qui est plutôt engagé. D’où vous vient cet engagement ?
LB : Engagé je ne sais pas si je suis engagée parce que je ris de tout les partis. Par contre, j’ai toujours eu à cœur d’avoir du fond dans mes sketchs, de rire de nos peurs du système.
JHM : Comment choisissez-vous vos sujets ?
LB : Ce sont des sujets réels de société, des sujets qui reviennent beaucoup et qui concernent tout le monde, comme la dette mondiale ou le logement.
JHM : Qu’est ce que l’humour peut apporter à la société ?
LB : Quand il reste du rire, il reste de l’espoir. Aujourd’hui, on est dans une société où on oublie de rire de tout. Et ça on le rappelle avec le personnage d’une grand-mère qui rigole de tout, même du racisme. Elle rappelle que c’est bien d’être « on est Charlie » quand tout le monde est Charlie, pour après finir par ne plus oser rire de tout.
JHM : Qu’est-ce que vous cherchez à apporter au public avec vos sketchs ?
LB : Du rire, de la réflexion et un nouvel espoir. C’est un spectacle pour redonner de la foi en l’humanité, pour avancer par le rire.
JHM : Qu’est-ce que vous apporte le public ?
LB : Il m’apporte des rires et ça c’est déjà merveilleux. Après mes spectacles, je sors toujours prendre des photos avec les gens, c’est un vrai échange. Je cherche à créer une osmose avec le public. Il n’y a pas cette relation avec les vidéos, c’est transformer le virtuel en réel.
JHM : Qu’est-ce qui change entre votre approche de la scène et celle de YouTube ? Utilisez-vous autant de costumes et décors ?
LB : On garde le même procédé, c’est une galerie de personnages. Le costume est très important, il habille le personnage. La juge aura sa robe. Après, le spectacle est plus travaillé que les vidéos. Les vidéos sont faites très vite pour aller avec l’actualité. Je ne les travaille pas. J’écris et je tourne directement.
JHM : Quels humoristes vous ont inspiré ?
LB : Je n’ai pas forcément de modèle chez les humoristes, mais plus d’acteurs. J’ai beaucoup regardé et observé leur manière de jouer Louis de Funès et Louis Jouvet.
JHM : Un dernier mot sur votre spectacle ?
LB : C’est un réel voyage et une vraie tentative de réconcilier tout le monde dans un monde chaotique. Aujourd’hui, je vais plus loin que le rire, j’essaie d’apporter des solutions.
Propos recueillis par Julia Guinamard