Avec Kösedag, Vitry redonne vie à 17 000 m2 de friche industrielle
Le fabricant turc de clôtures et de grillages Kösedag vient de racheter une partie de l’ancienne faïencerie Sarreguemines, à Vitry-le-François. Plus de 7 ans après la fermeture de l’usine, c’est le début du renouveau pour cette friche industrielle en milieu urbain.
Quel avenir pour des friches industrielles de plusieurs dizaines de milliers de mètres carrés ? Qui plus est lorsqu’elles sont installées en milieu urbain ? A Saint-Dizier, la question se pose pour l’ancienne usine Yto. Si la Ville affirme étudier quelques pistes de reprises, rien de très sérieux ne semble se profiler à l’horizon. Mais à moins de 30 km d’ici, à Vitry-le-François, un site similaire va peu à peu reprendre vie. Celui de Sarreguemines. Le fabricant turc de clôtures et de grillages Kösedag vient en effet de racheter les entrepôts de l’ancienne faïencerie, fermée depuis 2015.
« C’est une question d’hommes. Le courant est passé entre nous et nous avons su les convaincre en leur présentant les atouts de notre territoire »
Un bâtiment de 17 000 m2, implanté sur un terrain de 29 000 m2, chemin du Désert, entre le canal et le faubourg de Saint-Dizier. « C’est le premier acte visible de la résorption de cette friche de 6 ha en milieu urbain », se félicite Jean-Pierre Bouquet, le maire de Vitry-le-François. Mais pour faire venir Kösedag, cette entreprise créée en Turquie en 1978 et qui exporte aujourd’hui dans plus de 70 pays à travers le monde, il a fallu mobiliser de nombreux acteurs.
« Dès la fermeture de Sarreguemines en 2015, nous avons pris le dossier à bras-le-corps avec la CCI de la Marne et la communauté de communes », se souvient Jean-Pierre Bouquet. « Avec le soutien de l’Etat et de l’Etablissement public foncier du Grand Est (qui s’occupe également du terrain préempté par la Ville de Saint-Dizier rue du Docteur-Chardin, Ndlr), nous avons tout mis en œuvre pour trouver des investisseurs. » Mais dans ce domaine, les choses prennent du temps. Les années ont passé, la friche s’est fortement dégradée, et les Vitryats ne voyaient rien venir…
« De la concurrence, mais nous avons été retenus »
Jusqu’au mois de septembre 2022. « Les premiers contacts avec Kösedag ont été noués grâce à Invest Eastern France, un outil de la Région qui repère des investisseurs potentiels à l’étranger pour les fixer dans le Grand Est, et à Marne Développement, l’agence départementale de développement économique », détaille Jean-Pierre Bouquet.
Le mois suivant, élus et acteurs du monde économique rencontraient les dirigeants de Kösedag. « Nous avions de la concurrence, notamment en région lyonnaise où l’entreprise a déjà des bureaux, mais nous avons été retenus », se félicite le maire de la cité rose.
Et selon lui, ce n’est pas le fruit du hasard. « Nous avons su faire preuve de réactivité. Dans la vie, il faut savoir saisir les opportunités quand elles se présentent. Après, c’est une question d’hommes. Le courant est passé entre nous et nous avons su les convaincre en leur présentant les atouts de notre territoire », poursuit Jean-Pierre Bouquet, en mettant en avant la tradition industrielle du bassin et sa situation géographique, proche des clients européens de Kösedag.
« Jean-Pierre Bouquet a été très convaincant »
Mais un autre élément a pesé dans la balance. « Quand nous avons décidé de faire une deuxième usine de production, nous nous sommes d’abord tournés vers l’Europe de l’Est », raconte Ali Kösedag, le président du groupe, présent ce mercredi 1er février, à Vitry. « Mais nous sommes une entreprise familiale et mes filles m’ont convaincu de choisir la France. Lors de notre rencontre, Jean-Pierre Bouquet a été très convaincant. Il nous a donné envie d’investir ici. »
Plusieurs millions d’euros vont ainsi être injectés pour faire de la friche Sarreguemines « l’usine de clôtures la plus moderne de son secteur en Europe ». Dans les semaines qui viennent, 34 personnes seront embauchées, afin de démarrer l’activité au second semestre 2023. « Cet investissement va redonner de l’allure à tout le site, avec un vrai souci de développement durable auquel nous sommes très attachés à Vitry-le-François », conclut Jean-Pierre Bouquet.
Quant aux autres bâtiments de cette friche industrielle, une partie a été rachetée récemment par Locavert, déjà implantée à Vitry, mais qui souhaitait s’agrandir, et le reste pourrait être prochainement acquis par… Kösedag, qui envisage de développer également un centre de recherche et développement en terres marnaises. De quoi donner de l’espoir aux élus bragards pour les 200 000 m2 du site Yto.
P.-J. P.