Kiki rit, Lucas pleure

Kristina Mladenovic a passé l’obstacle du troisième tour en réussissant un nouveau retournement de situation face à Shelby Rogers. C’est en revanche terminé pour Lucas Pouille, qui s’est incliné au cinquième set contre Ramos-Vinolas.

Hier, lors du début du troisième tour, Porte d’Auteuil, deux Nordistes, Kristina Mladenovic et Lucas Pouille, nés à cinq kilomètres l’un de l’autre, l’une à Saint-Pol-sur-Mer, l’autre à Grande-Synthe, et désormais installés tous deux au soleil, à Dubaï, avaient la lourde responsabilité de représenter les couleurs bleu blanc rouge, à respectivement 24 et 23 ans, sur le Lenglen.

Première à rentrer sur le court, Kristina Mladenovic, qui s’était bloqué le dos juste avant le tournoi, était apparue meilleure au deuxième tour contre Errani qu’au premier, où elle ne pouvait quasiment pas servir et était passée toute proche de la porte. La 14e mondiale courait depuis neuf ans après une place en huitième de finale à Paris, avec trois échecs au troisième set lors des trois dernières années. Le tournant du match se situe à 5-2 dans le troisième et dernier set pour la massive Américaine Shelby Rogers, 49e à la WTA et quart de finaliste l’an passé à Paris. Comme contre Jennifer Brady, au premier tour (9-7 au 3e), Mladenovic, au mental, se relâche et arrache un succès presque miraculeux, enchaînant les jeux dos au mur, devant un public conquis (7-5, 4-6, 8-6).
«Me battre jusqu’au bout»

«C’est dans mon tempérament de me battre toujours jusqu’à la fin. Je ne sais pas encore comment je suis revenue. Shelby (Rogers), qui a fait quand même quart de finale l’an dernier, a très bien joué tactiquement. Ses frappes lourdes me gênaient, elle servait bien. Je ne trouvais pas la solution. J’aimerais revoir la vidéo pour être lucide. A partir de 5-2, j’ai réussi à bien retourner. Je lui ai mis la pression. J’ai augmenté la cadence sans faire de faute. Mon jeu a pris une dimension supplémentaire, comme un coup d’accélérateur. J’ai fait moins de fautes, plus de décalages, de coups gagnants, exactement ce qu’elle produisait dans le début du troisième set», analyse la Nordiste, qui n’a pas voulu s’étendre sur ses problèmes au dos qui s’améliorent. «J’ai encore une gêne, mais beaucoup moins que sur les premiers tours, notamment le premier. Techniquement, j’ai encore des gênes, des raideurs, notamment sur ma deuxième balle. J’ai fait trop de double fautes car je ne tourne pas suffisamment avec mes épaules», poursuit “Kiki”, très satisfaite de son come-back, et qui aura une toute autre adversité en huitièmes de finale, avec l’Espagnole Garbine Muguruza, la tenante du tire, au menu.

Clap de fin pour Pouille

Dans une arène chauffée à blanc, Lucas Pouille, qui représente l’avenir du tennis tricolore, pour son premier 16e de finale à Paris, avait les crocs pour rejoindre “Kiki” en huitièmes. Dès la manche initiale, le gaucher au gros lift Albert Ramos-Vinolas, 20e mondial, qui avait dominé son adversaire en demi-finale à Monte-Carlo, cette année, avec son jeu de gestionnaire, imprime le tempo et empoche la première manche contre un Nordiste très tendu (2-6). C’est à ce moment-là que le protégé d’Emmanuel Planque, plus incisif, avec des coups puissants, s’appuie sur un gros service, mène ensuite deux manches à une (6-3, 7-5). Mais comme le temps, hier, maussade, les nuages sont vite revenus à la surface. Soudain plus inconstant (62 coups gagnants pour 84 fautes directes), très stressé, Pouille s’éteint progressivement. Touché par des crampes au point de faire revenir le kiné en début de cinquième set, Pouille ne marque plus que trois jeux et il s’incline, manquant un huitième de finale de rêve contre Novak Djokovic (2-6, 1-6).
Il ne reste plus que Gaël Monfils et Richard Gasquet, qui s’affrontent sur le Central, aujourd’hui (lire ci-dessous), dans le tableau masculin.
Au rayon des favoris, Novak Djokovic a su se ressaisir, après avoir été mené deux manches à une par le tout petit Argentin Diego Schwartzmann. Le Serbe, entraîné par Andre Agassi depuis peu, a ensuite repris du poil de la bête pour ne laisser que deux jeux à son adversaire. Rafael Nadal s’avance comme le favori pour la Decima. Le Manacorien, qui pourrait rencontrer “Djoko” en demi-finale, a été beaucoup plus expéditif, ne laissant qu’un petit jeu à Basilashvili, comme Dominic Thiem. Quant à Raonic, il a bénéficié de l’abandon de Garcia-Lopez.
La seule petite surprise est venue de l’élimination du Bul-gare Dimitrov. La tuile est venue de l’abandon de David Goffin (N°10), qui s’est tordu la cheville dans la bâche de fond de court sur le Lenglen. Dans le tableau féminin, la logique a été respectée pour Kuznetsova et Venus Williams.

Nicolas Chapon