JO 2016 (Rio) : Kévin Bouly évoque « une sensation de plénitude »
Haut-Marnais de naissance et habitant à Longeau, Kévin Bouly, après avoir été partenaire d’entraînement en 2012, à Londres, a participé aux Jeux olympiques de Rio, en 2016, avec une 12e place en -94 kg. Huit ans après, il a « des souvenirs comme si c’était hier. »
« Il faut quand même savoir que je n’étais pas du tout dans les tablettes pour être sélectionnable et encore moins sur la pré-liste. Il y avait quatre places mais, au fil des compétitions, personne ne s’est détaché.
Et puis il y a eu la dernière compétition avant les Jeux, à savoir les championnats de France. Je comptais bien jouer ma carte jusqu’au bout. J’ai bien fait car j’ai terminé 4e meilleur français à l’issue de cette compétition, décrochant ainsi ma sélection dans la douleur. Cela a été un week-end très stressant, mais avec une belle surprise à la clé.
Pour autant, tant que je n’étais pas en stage de préparation olympique, je n’y croyais pas encore ! Et puis, j’ai reçu la convocation officielle. Lorsqu’elle était entre mes mains, j’étais soulagé.
En 2012, à Londres, j’étais partenaire d’entraînement. J’étais en immersion. C’était un avant-goût des Jeux. En 2016, à Rio, il y a la magie des JO, le village olympique, mais également les entraînements pour préparer la compétition. Et là, la veille de mon passage, je rentre de l’entraînement, j’ai une crise d’angoisse, des nausées, ce qui, lors des autres compétitions, ne m’était jamais arrivé… J’ai réussi à me calmer, mais cela ne m’a pas mis en confiance. Je me suis dit : “dans quel état je vais être le jour J ?”.
Un Kévin Bouly reconnaissant
Je voulais que cela soit un moment unique, la compétition ultime, gravée à jamais. Je me suis focalisé sur cet instant en pensant beaucoup à ma famille. Je n’avais pas d’objectif de médaille, mais de donner le meilleur de moi-même.
L’échauffement ne s’est pas passé super bien et cela m’a inquiété, d’autant que, d’habitude, je tire en 105 kg, alors que là c’était en -94 kg, ce qui m’avait obligé à faire la diète en amont.
A l’arraché, j’ai fait un sans-faute, trois barres sur trois, avec 145 kg, puis 150 et 155 kg et une 12e place à la clé. Le plus dur était passé, car l’épaulé jeté est le mouvement que je préfère. Le problème, c’est qu’avec ma perte de poids, j’avais perdu en puissance et, lorsque le coach est venu me voir en me disant que j’avais deux solutions, à savoir 200 kg ou 190 kilos en 3e barre, j’ai opté pour 190 kg que j’ai réussi.
Cela a conforté ma 12e place. Je n’ai aucun regret. Lorsque j’ai quitté le gymnase, je me suis assis et j’ai réalisé. J’ai fait tout le cheminement et là, il y avait une sensation de plénitude. J’étais comme sur un nuage et je me suis dit : “à partir d’aujourd’hui, je peux mourir tranquille !”
Après ma compétition, j’étais partant pour rester jusqu’à la fin des Jeux, mais la Team avait envie de rentrer. J’ai eu un petit pincement au cœur. Je voulais profiter du club France et du Brésil.
En 2012, j’avais pu profiter à 100 %, pas là. Si je devais avoir un petit regret sur cette échéance au Brésil, ce serait celui-là.
Je n’aurai pas pu réaliser tout cela sans toutes les personnes qui m’ont soutenu, notamment ma conjointe Angélique et mon entraîneur de Reims, David Baecheler. En effet, il est difficile de concilier famille, travail et sport de haut niveau. Merci également au club de Langres, mon premier club formateur, qui a lancé mon parcours sportif. »
Recueillis par Y. T.