Carien et Annette : 40 ans d’amitié à l’épreuve de la Via Francigena
De Reims à Rome, deux amies hollandaises empruntent à pied la Via Francigena, qui traverse la Haute-Marne du Nord au Sud. Une aventure spirituelle… et un sacré défi.
Elles se sont rencontrées à 18 ans, à l’université. Aujourd’hui, elles en ont 59. Carien et Annette, deux amies hollandaises, ont traversé haut la main l’épreuve du temps. Après 40 ans de vie quasi partagée, elles ont décidé de soumettre leur amitié à un nouveau challenge : trois mois de cohabitation quotidienne. Les deux femmes empruntent ainsi une partie de la Via Francigena, voie de pèlerinage de 3000 km qui relie Canterbury à Rome.
Un projet vieux de 10 ans
Parties de Reims, elles ont traversé Marne et Aube avant d’entrer en Haute-Marne leur 39e jour de marche, par une étape reliant Baroville à Orges. « Nous marchons entre 20 et 25km par jour en moyenne, mais nous ne nous restreignons pas. C’est au nombre d’ampoules que nous avons aux pieds que nous évaluons si la distance nous convient », plaisante Annette Veth.
C’est elle qui a été à l’initiative du projet, pas moins de 10 ans plus tôt. « J’ai perdu mon mari en 2013. Mes enfants étaient encore jeunes. Je me suis dit que je ferai ce voyage quand ils seraient partis. Carien a été très présente pour moi alors je lui ai proposé », explique-t-elle. Au total, près de 1600 kilomètres sont à parcourir pour relier Reims à Rome. Trois mois de marche et trois ans de préparation en amont.
La Via Francigena, une aventure qui « rend libre »
« Personnellement, je le fais pour l’aventure », commente Carien, avant de poursuivre : « Nous avons réservé quelques hébergements mais la plupart du temps nous ne savons pas où nous dormirons le soir-même. Ça demande une grande résilience ». Exemple pris de leur nuitée prévue à Faverolles, qu’elles avaient réservée par mégarde dans l’Indre.
Bien qu’elles se déplacent à pieds, les deux femmes ont peu de temps pour les visites. « A Orges, Emmanuel et Annette Geoffroy nous ont fait faire un tour du Moulin de la Fleuristerie. C’était notre première activité touristique », commente Annette. Pour elle, l’objectif est tout autre : « La spiritualité me motive autant que la religion en elle-même. En réalisant quelque chose que je n’ai jamais fait auparavant, je me sens libre. J’ai été une fille pour mes parents, une mère pour mes enfants, aujourd’hui je veux être une amie exemplaire ».
Solène Clausse