Kader Rahim : « nous avons rivalisé avec la France »
Le Bragard Kader Rahim, 30 ans, est de retour en France après un Mondial où l’Algérie a beaucoup appris, en faisant notamment douter les Bleus. Le Haut-Marnais, satisfait malgré une bulle sanitaire, a encore de beaux challenges à l’international.
Le Journal de la Haute-Marne : Comment analysez-vous la 22e place (sur 32 équipes) de l’Algérie ?
Kader Rahim : « Sur l’ensemble de la compétition, le bilan est globalement positif. L’Algérie n’avait pas pris part aux deux derniers championnats du monde. Et depuis mars dernier, il n’y a pas de championnat ni même d’entraînement sur le sol algérien, les gymnases étant fermés. Nous avons pu effectuer quelques stages de préparation, mais nous ne sommes pas arrivés dans les meilleures conditions. Nous sommes soulagés d’avoir accédé au deuxième tour en battant d’un but le Maroc. Et nous avons rivalisé avec la France, l’une des meilleures équipes au monde depuis longtemps, le Portugal, une mi-temps contre la Norvège, vice-championne du monde. Avec l’Islande, cela fait quatre formations du Top 10 mondial. »
JHM : Contre la France, vous ne perdez que de trois buts, après une égalité à cinq minutes de la fin. Est-ce une fierté d’avoir fait douter les Bleus ?
K. R. : « Nous avons réussi un super match contre les Français. A cinq minutes de la fin, nous avons l’occasion de passer devant, mais un des nos joueurs fait un passage en force. Cela a été une grosse bataille. Si nous sommes sortis frustrés de la défaite, nous pouvons être fiers. Cela a vraiment constitué notre match-référence. C’était un mélange de frustration, de plaisir et de fierté. Nous avons rendu le peuple algérien fier. J’ai vu beaucoup de respect dans le regard des Français qui ont douté. Ils ont eu peur. Ils ont fêté leur succès et cela prouve qu’ils ont eu des sueurs froides. »
« Limiter les risques sur le plan sanitaire »
JHM : Globalement, vous avez eu plus de temps de jeu durant le tour principal. Pourquoi ?
K. R. : « Le coach (Alain Portes) a joué au début avec ceux qui étaient en stage et ceux qui évoluent en Europe ont moins joué. A partir du match de la France, j’ai eu plus de temps de jeu et j’ai réussi de belles prestations. Je suis content de mon championnat du monde, sur le plan personnel et collectivement. Je finis à cinq buts en sept tentatives, j’ai été passeur et j’ai défendu à 200 %, mon registre. Les Bleus ont 16 joueurs de très haut niveau contre la moitié pour nous. Nous avons joué toutes les 48 heures et il nous manque de la profondeur de banc. »
JHM : Comment avez-vous trouvé l’organisation en Egypte ?
K. R. : « C’était vraiment bien, même si nous étions dans une bulle sanitaire, avec uniquement des trajets salle-hôtel, et un test PCR toutes les 24 heures. Tout a été fait pour limiter les risques sur le plan sanitaire. Les hôtels, les salles magnifiques, la récupération, avec la cryothérapie, tout cela était bien fait. Nous avons été chouchoutés. Il ne manquait que le public, mais comme avec le championnat de France, on s’adapte. C’est frustrant, mais nous n’avions pas le choix. C’était soit disputer le Mondial dans ces conditions, soit rester à la maison. »
JHM : Est-ce de bon augure pour l’Algérie pour la qualification aux Jeux olympiques ?
K. R. : « Comme aux Mondiaux, c’est une poule de la mort au tournoi de qualification olympique. Nous sommes tombés sur l’Allemagne, le pays-hôte, la Suède et la Slovénie, qui sont trois formations du Top 8 mondial. Cela se déroulera à Berlin, du 12 au 14 mars. Je ne vois que du positif de rejouer contre ces formations pour être plus compétitifs et monter notre niveau. Les Allemands seront au complet. La Slovénie a été toute proche d’aller en quarts. »
« Je me sens en pleine forme »
JHM : Pensez-vous que l’Algérie se structure avec l’arrivée d’Alain Portes ?
K. R. : « Le cadre est bien défini et il faut que cela continue ainsi. Il faut que les joueurs aillent évoluer en Europe. Nous avons encore 80 % de joueurs restant en Algérie, dans un championnat faible. Nous serons à surveiller sur la prochaine coupe d’Afrique des nations, en 2022, puis à la maison, en Algérie, en 2024, sans oublier la qualification pour les JO de Paris. Et les Jeux méditerranéens, toujours chez nous, dans un an. Et un Mondial, en 2023, en Pologne et Allemagne. Cela fait pas mal de gros événements et de challenges. J’ai 30 ans, je me sens en pleine forme et j’ai envie de participer à toutes ces compétitions internationales. »
JHM : Cela a-t-il été dur de jouer dans des salles immenses vides ?
K. R. : « Oui, surtout qu’il y a des Algériens en Egypte. La grosse ambiance m’a manqué. On entend le ballon résonner et tous les bruits. C’est dommage. »
JHM : Quel va être votre programme des prochains jours ?
K. R. : « Je suis à l’isolement sept jours à Dunkerque. Nous n’avons eu aucun cas de Covid avec l’Algérie. Concernant la reprise du championnat de France, début février, nous sommes dans l’attente d’un confinement. Lors du premier confinement, tout était à l’arrêt et durant le deuxième, nous avons joué à huis clos. A nous de nous adapter. »
JHM : Quel est pour vous le favori de ce Mondial ?
K. R. : « Les quatre formations en demi-finale (France, Suède, Espagne, Danemark) pouvaient s’imposer dimanche (aujourd’hui). Finalement, les formations nordiques sont en finale. Sur les huit, hormis le Qatar, les matches ont été serrés. La Norvège, un favori, a été éliminée. Même l’Egypte a perdu aux tirs au but contre les Danois. Le handball international se joue à rien, et tout le monde peut passer à la trappe sur un match. «
Propos recueillis par Nicolas Chapon