Justine Oreste, ou ce que la jeunesse fait de mieux
Education. Quitte à contredire Arthur Rimbaud, on peut être sérieux quand on a dix-sept ans. Justine Oreste, élève de terminale au lycée Bouchardon, a lancé il y a deux ans un projet scolaire intitulé « Connectons nos aînés » en lien avec la Maison de l’osier pourpre. Plus qu’un projet, une belle histoire.
A l’Ehpad, ça s’active jeudi 15 février. Le spirituel est en marche avec la messe de 15 h, puis Justine Oreste va dispenser aux volontaires la méthodologie qu’elle a établie pour les aînés afin de dompter le téléphone portable. « Je reste avec Justine, plus efficace. Je pense que le Bon Dieu n’a pas touché un téléphone depuis un bout de temps », affirme Josette Godot, résidente de 88 ans. Justine Oreste est en Terminale Bac pro Assistance à la gestion des organisations et de leurs activités (AGOrA). Un projet d’étude est requis, sur papier et au grand oral des examens diplômants de fin d’année. Inspirée par ses grands-parents, l’étudiante choisit de plancher sur une iconographie simplifiée pour aider les seniors à « déchiffrer » les écrans de leurs mobiles et découvrir des fonctionnalités pour la plupart inexploitées. Reste à faire un léger bon dans le temps, la méthodologie étant conçue pour les téléphones des aînés, soit le fameux portable à clapet.
Seniors, études et job d’appoint
Justine Oreste démarche alors les Ehpad et se présente aux portes ouvertes célébrant les dix ans de la Maison de l’osier pourpre. Elle remet des petits questionnaires aux résidents pour valider l’intérêt de sa démarche. Quelques-uns répondent par l’affirmative. L’étudiante contacte alors l’animatrice et un premier planning est mis en place. » Le projet de Justine m’a tenu à coeur d’emblée. Il y avait un vrai besoin, nos résidents nous sollicitent souvent au sujet de leurs téléphones. La méthodologie de Justine devrait faire office de papier peint », déclare l’animatrice Sabrina Vilmart. « L’impact du travail de Justine Oreste va au-delà de l’appréhension du portable, l’aisance relationnelle de la demoiselle a permis de créer de vrais liens » Ils sont trés capables, il suffit juste de les rassurer et provoquer le déclic. Quand j’entends « ah oui on peut faire ça? », je sais que je sers à quelque chose. » Mettre une photo de proche en fond d’écran, ou lire un texto, c’est autant de petites choses qui deviennent beaucoup pour les séniors éloignés de leurs familles.
Un petit chef-d’oeuvre à elle toute seule
Justine Oreste vient à l’Ehpad sur son temps libre le mercredi après-midi, en plus de ses horaires de cours, et cumule un emploi à Burger King le soir et le week-end, pour, dit-elle, aider sa famille. La professeure référente, Sophie Gilloz, est émue et très impressionnée par l’élan et le courage de son élève : « Elle mène ça toute seule, elle porte toutes les casquettes. Un petit chef-d’oeuvre ». A la question du devenir, Justine Oreste répond avec une rare sagesse: « Je prends ce que l’avenir va me donner ». La jeune fille souhaiterait travailler dans les ressources humaines. Deux mots qui lui vont si bien.
Elise Sylvestre