Justice privée sur le parking d’un hypermarché bragard
TRIBUNAL CORRECTIONNEL. L’hypermarché bragard venait de se doter d’une caméra de vidéo-surveillance performante. Laquelle n’a rien manqué des événements qui se sont déroulés ce soir du 17 octobre 2019, sur le parking de la grande surface.
A l’origine, un différend entre la famille Sogut d’un côté, Youcef Bettahar de l’autre. « Pas de contentieux lourd », note un des avocats, Me de Chanlaire, mais dans cette affaire, son client, Sinan Sogut, 21 ans à l’époque des faits, « s’est monté le bourrichon ».
Au volant de sa voiture, il a « foncé » à une vitesse de 50 km/h sur Youcef Bettahar, que son frère pourchassait à pied, et l’a percuté, sur le parking, triste conclusion d’une altercation ayant dégénéré. « Les images de la vidéo montrent la violence du choc », souligne la procureure. Fort heureusement, la victime ne s’en tire « que » avec une incapacité de travail de dix jours.
Deux épisodes, quatre prévenus
L’affaire, entre les mains de la justice, aurait pu s’arrêter là, l’un ayant pris conscience de la gravité de son acte, l’autre remerciant le ciel de ne pas avoir eu des blessures plus graves. Sauf que deux mois plus tard, le 26 décembre 2019, en pleine instruction judiciaire, Youcef Bettahar croise le frère de Sinan Sogut, celui-là même qui l’avait pourchassé. Ce dernier est plaqué contre la vitrine d’un magasin, qui casse. Nouvelles conséquences : 26 jours d’ITT pour cette deuxième victime du différend, et la présence de quatre prévenus devant le tribunal correctionnel, mardi 15 mars, plus de deux ans après les faits : le conducteur, sa victime, son frère, et Ali F.*, qui était avec Youcef Bettahar lors de l’épisode de la vitrine.
Dix-sept condamnations
A l’issue des débats, Youcef Bettahar a été condamné à une peine de 24 mois d’emprisonnement dont douze assortis d’un sursis. L’épaisseur de son casier judiciaire n’a pas joué en sa faveur : 17 condamnations pour ce Bragard aujourd’hui âgé de 37 ans, dont une de quatre ans d’emprisonnement pour violences en 2017- il portait d’ailleurs un bracelet électronique au moment de cette affaire de « justice privée », selon les termes de la procureure. Même peine pour Sinan Sogut, qui n’avait jusqu’à présent eu affaire qu’à la justice pour mineurs. Et respectivement douze et dix mois avec sursis pour le frère du conducteur et Ali F.
* Selon une règle interne à la rédaction, seules les identités des personnes condamnées à une peine d’emprisonnement ferme sont rendues publiques.