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Justice : Dernières cartes pour Sid-Ahmed Ghlam

Sid-Ahmed Ghlam a-t-il donné la mort à Aurélie Châtelain ? Telle sera la principale question du procès en appel du Bragard devant la cour d’assises spéciale. Le verdict est attendu fin octobre.

Si radicalisation et volonté de passer à l’acte ne laissent pas part au doute, Sid-Ahmed Ghlam, condamné, le 5 novembre 2020, à la réclusion criminelle à perpétuité, peine assortie d’une période de sûreté de 22 ans, réfute depuis son interpellation être à l’origine de la mort d’Aurélie Châtelain.

« Je n’ai jamais tué », avait lancé l’accusé, de nationalité algérienne, devant des parties civiles certaines de faire face à l’assassin d’une fille, d’une mère, d’une compagne, d’une amie décédée dans des conditions atroces, à Villejuif, le 19 avril 2015. Un tir à bout portant a terrassé cette passionnée de danse, installée sur le siège passager de son véhicule, alors qu’elle s’apprêtait à quitter le parking de son hôtel afin de se rendre à une formation à la méthode Pilates. Une tentative de mise à feu du véhicule s’en était suivie. Un médecin légiste avait ainsi révélé la présence de brûlures post-mortem sur les membres inférieurs de la victime.

Un terroriste du Bataclan pour complice ?

Avant, selon ses affirmations, de se tirer une balle dans une cuisse, d’alerter les secours et d’être interpellé à proximité de son appartement du XIIIe arrondissement où un véritable arsenal fut découvert, Sid Ahmed Ghlam affirme avoir eu rendez-vous avec Samy Amimour, alias Abou Hamza, sur un parking de l’Institut Gustave-Roussy de Villejuif, où les terroristes devaient se préparer à l’imminente attaque d’un ou plusieurs lieux de culte. La suite ? « J’ai entendu un coup de feu. Je suis descendu de ma voiture, Abou Hamza était à côté de la porte passager du véhicule qu’il voulait voler, il avait l’arme à la main. (…) Je me suis approché de la voiture, j’ai vu la victime, j’ai tâté son cou et j’ai constaté qu’elle était décédée. (…) (…) Abou Hamza a pris son sac à dos et il est parti avec son scooter. Je me suis accroupi, j’étais choqué. (…) J’ai décidé de renoncer à notre projet d’attentat, de rompre complètement avec l’État islamique. Pour éviter les représailles, j’ai décidé de me tirer une balle dans la cuisse, c’était la seule façon de m’en sortir », aura assuré, en octobre 2020, Sid Ahmed Ghlam au cours d’un de ses interrogatoires.

Le dénommé Abou Hamza serait Samy Amimour. Ce nom retient l’attention. Cet homme n’est autre qu’un des barbares du massacre du Bataclan, un terroriste pulvérisé suite au déclenchement de sa ceinture explosive. Samy Amimour était-il en France en avril 2015 ? Beaucoup en doutent. « Samy Amimour était en Syrie », soutient mordicus Me Casubolo-Ferra, avocat des membres de la famille d’Aurélie Châtelain, tout en rappelant qu’un seul et unique ADN a été isolé sur la scène de crime, celui de Sid-Ahmed Ghlam.

Des témoignages décisifs

Des échanges téléphoniques figurant au dossier semblent toutefois conforter la thèse de la présence d’un deuxième homme le jour de la mort d’Aurélie Châtelain. Le témoignage d’un chercheur en poste dans un laboratoire du Centre national de recherche scientifique (CNRS) à Villejuif est également susceptible d’accréditer la présence d’une deuxième personne. Présent au matin du décès d’Aurélie Châtelain, ce témoin n’en aura pas démordu. « Le monsieur que j’ai vu, ce n’était pas lui, ce n’est pas l’accusé, c’était un Européen, un homme blanc, costaud, 35 ou 40 ans, châtain, les cheveux courts. (…) J’ai entendu un bruit, comme un claquement, j’ai été à la fenêtre, il a ouvert une porte de voiture, j’ai pensé que c’était un voleur. Il faisait preuve de beaucoup de sang-froid, il était posé, méthodique ». Un agent de sécurité d’une crédibilité mise à mal par l’accusation aura quant à lui soutenu avoir aperçu « deux personnes, au minimum ». Ces témoignages n’auront pas convaincu. Au grand dam de la défense. Ces deux témoins seront à nouveau entendus dans les semaines à venir.

La famille d’Aurélie Châtelain vit ce procès en appel comme une nouvelle et douloureuse épreuve (Photo Thomas Bouguéliane)

Conseil de Sid-Ahmed Ghlam depuis son interpellation, l’avocat bragard Christian Benoit entend profiter de cinq semaines de débats pour pointer l’absence de preuve formelle de l’implication directe de l’accusé dans la mort d’Aurélie Châtelain. « Sid-Ahmed Ghlam n’est pas coupable. (…) Dans un procès pénal, le doute, s’il existe, profite à l’accusé », avait martelé l’avocat en novembre 2020. A l’occasion de ce procès en appel, la défense abattra ses dernières cartes.

T. Bo.

Lire aussi : Sid-Ahmed Ghlam : un enfant de Saint-Dizier

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