Jusqu’au dernier jour – L’édito de Patrice Chabanet
L’Union européenne et le Royaume-Uni n’en finissent pas de tirer sur l’élastique des négociations ultimes. Visiblement, ils n’ont pas encore atteint le point de rupture. La journée d’hier devait constituer une date butoir. Finalement les deux parties se sont mises d’accord pour poursuivre leur dialogue, dans l’espoir d’un « accord de dernière minute ». Encore une seconde, monsieur le bourreau. Rares en effet sont ceux qui croient au miracle. Certes, l’Europe nous a habitués aux marathons interminables, notamment sur les dossiers agricoles. Mais cette fois-ci il ne s’agit pas de différends internes à l’Union, mais du lourd litige sur les procédures d’un divorce. L’idée n’est plus de sauver les apparences d’un idéal commun, mais de préserver ses intérêts propres. L’Europe ne tient pas à laisser aux Britanniques l’accès à son grand marché sans contrepartie. De son côté, le Royaume-Uni ne veut pas permettre aux Européens de pêcher dans ses eaux territoriales sans compensations. S’ajoute la question irlandaise, une véritable bombe à retardement. Officiellement, il n’y aura pas de frontière terrestre entre la République d’Irlande et l’Irlande du Nord, mais une frontière maritime. On verra à l’usage si ce bricolage tiendra la route, surtout si le no-deal conclut la phase de négociations.
Quoi qu’il en soit, il est temps que ce triste épisode se termine. Les esprits s’échauffent, avec une presse populaire d’outre-Manche déchaînée contre la France et, moins violemment, contre l’Allemagne. Les vieux clichés ressortent. A leur façon, les tenants du Brexit confirment ce qu’ils ont toujours été : des adversaires irréductibles de la construction européenne. Ils sont convaincus que le salut du Royaume-Uni est dans un parcours solitaire. Wait and see.