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Juin 1953 : un avion à réaction s’écrase sur le village de Chatonrupt

Un chasseur-bombardier “F 84 G Thunderjet” du même type 
que celui qui équipait l’escadre de chasse Argonne en 1953.

Il y a 70 ans, mercredi 17 juin 1953, à 16 h 05, un chasseur bombardier à réaction “F 84 G Thunderjet”, de conception américaine, s’écrase à proximité de la gare SNCF de Chatonrupt-Sommermont.

Pour la base aérienne 113 de Saint-Dizier, récemment réactivée après plusieurs années de fermeture, c’est un gros souci : cet accident de F 84 G est le septième de l’année subi par la première escadre de chasse “Argonne”. Cette unité est basée sur la plate-forme aéronautique du Robinson.

Par la suite, six accidents concernant des F 84 G suivent encore en 1953. Le dernier, le 11 décembre, implique quatre appareils se déplaçant au sol sur la bande de roulement (entre les parkings et la piste). Heureusement, tous les pilotes demeurent indemnes, malgré cette hécatombe inquiétante d’aéronefs.

Ce mercredi 17 juin 1953, par un ciel couvert et un temps faiblement pluvieux, selon les archives de la station météorologique de Saint-Dizier, le sergent Lejeune rentre vers la base. A bord de son chasseur-bombardier, un Republic F84G Thunderjet. il a participé à un exercice en compagnie d’un appareil identique ; les deux avions formant la même patrouille.

Déclenchement du système d’éjection

Alors qu’il survole Joinville en compagnie de son équipier, le sergent Lejeune constate l’arrêt de sa turbine. Le pilote s’efforce alors de maintenir sa machine en vol plané et de la diriger hors de l’agglomération, vers une zone boisée.

Après que le sergent a déclenché le système d’éjection de son siège, le chasseur-bombardier hors de contrôle décapite des arbres sur les coteaux. Il entame sa chute en survolant l’école communale du petit village de Chatonrupt : le sifflement strident qui en résulte glace le sang des élèves !

Agé de 13 ans, Jacques Durand se dresse en criant : « Il est foutu ! », juste avant que ne retentisse une terrible explosion qui secoue les vitres. Le maître d’école, Roger Demassez, est décontenancé ; il ne peut retenir ses élèves. Ceux-ci quittent la classe précipitamment et s’élancent en direction d’une colonne de fumée noire qui s’élève depuis la gare.

Le sergent Lejeune, quant à lui, parvient à se dégager de son parachute accroché aux branches d’un arbre, à 500 mètres environ du lieu-dit “la Planchotte” à Chatonrupt. Son alter ego, qui effectue des cercles au-dessus des lieux, alerte sa base par radio. Il ne s’éloigne qu’à partir du moment où il s’est assuré que son camarade a touché le sol dans de bonnes conditions.

Un paysage de désolation à Chantemerle

Le chasseur-bombardier s’est désintégré lors de l’impact à proximité de la gare et du viaduc ferroviaire, à l’orée d’un bois du lieu-dit “Chantemerle”. Désormais, les débris fumants de l’appareil militaire gisent dispersés sur un rayon de plusieurs centaines de mètres.

Des ramasseurs de pommes de terre, qui travaillaient dans un champ voisin, en sont quittes pour une belle frayeur. Une femme de Chatonrupt, la veuve Marie Arnould, est atteinte par un débris qui lui a entaillé la coiffure dont elle s’est couverte pour se protéger de la pluie. Dans les jours qui suivent, selon Jacques Durand (disparu en 2019), une foule importante se rend sur les lieux de l’accident, poussée par la curiosité, à tel point que la gendarmerie doit monter la garde autour d’un périmètre de sécurité.

L’ancien maire Jean-Marie Arnould, âgé de 16 ans à l’époque, se souvient avoir assisté à la chute de l’avion « qui fumait », ainsi qu’à la descente du parachute en direction de la Planchotte. Selon lui, les arbres qui poussent face à l’emplacement de l’ancienne gare (détruite en 1995 pour dévier la N 67), portent encore les stigmates de l’accident et poussent de travers. D’ailleurs, il est encore possible de découvrir des débris de l’appareil en ce secteur.

De notre correspondant Patrick Quercy

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