Joute politique – L’édito de Christophe Bonnefoy
Joute politique
Et un, et deux, et trois débats. Mais celui d’hier, dans la Drôme, avait quelque chose de différent. Il a d’abord été fermé aux caméras. Terminées, les longues heures d’échanges entre le chef de l’Etat et les maires en direct sur nos petits écrans. Momentanément de côté, pour le coup, le soupçon de vaste opération de communication orchestrée par l’Elysée. Un cadre plus restreint avait été choisi. Les deux premiers rendez-vous ont effectivement pu rappeler, sur la forme, les envolées lyriques du candidat Macron pendant la campagne présidentielle.
Mais le changement, hier, outre la surprise du chef et la rencontre en soirée avec la population, dont des Gilets jaunes, était aussi dans un jeu d’acteurs dont on avait quasiment oublié la teneur. On a presque retrouvé, l’espace d’un instant, ces anciens clivages qui faisaient le succès des émissions politiques. Pensez donc, Laurent Wauquiez apostrophant Emmanuel Macron, ce dernier lui répondant sur la politique menée depuis des lustres : on aurait presque eu le sentiment de revenir aux joutes d’antan. Et en l’occurrence, le premier comme le second ont besoin de retrouver leur(s) voix, en quelque sorte. Le chef de l’Etat est en difficulté, la crise des Gilets jaunes est passée par là. Il a besoin de se réaffirmer, d’une certaine manière. Les Républicains, eux, se voient doubler par leur droite. Pire – et même si un sondage ne présume en rien du vote final -, LR a tout à craindre des européennes. Les Français se verraient bien voter, en mai, pour La République en marche, le Rassemblement national ou… le parti que les Gilets sont en train de créer. Celui de Laurent Wauquiez n’arriverait qu’en quatrième position. Dès lors, la droite dite traditionnelle essaie, à nouveau, de faire entendre un discours devenu inaudible. La tâche est énorme. C’est vrai aussi pour La France insoumise, le PS ou les écologistes, d’ailleurs.