Jouons sur les mots – L’édito de Patrice Chabanet
Tout ce qui ressemble aujourd’hui à une prise de position, quel que soit le domaine concerné, devient politique. Et ceux qui protestent de leur bonne foi pour affirmer leur apolitisme ont du mal à convaincre. L’élection du nouveau président de l’association des maires de France (AMF) en est un bel exemple. Le choix s’est porté sur David Lisnard, le maire LR de Cannes. Une hypothèse qui n’avait pas, c’est évident, les faveurs de l’Elysée qui lui préférait la candidature de l’UDI Philippe Laurent. Ce dernier bénéficiait du soutien quasi officiel de nombreux maires de la majorité présidentielle. Dans ces conditions, malgré la grandiloquence des discours, l’élection à l’AMF a une portée politique. C’est une défaite, non spectaculaire mais bien réelle, pour Emmanuel Macron. Marine Le Pen n’a pas attendu longtemps pour le souligner.
Le chef de l’Etat devait s’y attendre. Son mode de gouvernance qui privilégie l’action verticale a souvent été perçu comme la mise hors-circuit des corps intermédiaires, notamment les maires. On se souvient notamment de la suppression de la taxe d’habitation. Les collectivités locales se sont senties dessaisies de leurs prérogatives.
De là à penser que l’élection du successeur de François Baroin pourrait peser lourd dans la présidentielle de 2022, ce serait aller un peu vite en besogne. Que le résultat nourrisse les commentaires, y compris de ceux qui affichent un apolitisme de circonstance, c’est évident. Mais l’influence des maires ne tient certainement pas à leur appartenance à une association, mais à leur action au quotidien et à leur savoir-faire pour obtenir des subventions et des aides. Cela s’appelle la politique, au sens noble et ancien du terme, à savoir l’art de gérer la cité, si petite soit-elle.