Jordi Chias : humains contre nature
Ce sera peut-être l’image du festival. C’est en tout cas celle qui a été choisie pour en illustrer l’affiche. Elle est l’œuvre de l’Espagnol Jordi Chias. Ce photographe freelance, basé à Barcelone, est spécialiste de la photo sous-marine. Sa particularité : photographier aussi bien la vie sauvage que l’activité humaine. Primée au prestigieux concours de photographie Wildlife Photographer of the Year (autrefois concours de la BBC), l’image de cette tortue piégée dans un filet représente parfaitement son travail. « Tous les ans, des milliers de tortues meurent piégées ou suspendues dans des filets de pêche abandonnés », explique le photographe. « Le fait que cette image ait été primée a permis de la diffuser partout dans le monde. Elle a ainsi pu être utilisée dans de nombreuses campagnes pour la protection des tortues. Je suis particulièrement fier de cette photo parce que, lorsqu’une image que je prends permet de protéger ce que j’aime, alors mon travail prend tout son sens. » Pour ceux qui se poseraient la question, oui, Jordi Chias est venu en aide à la pauvre tortue après avoir réalisé son image.
« C’est une image qui communique, en une émotion immédiate, les dégâts qui sont faits dans les océans du monde », explique le Wildlife Photographer of the Year pour justifier son choix d’avoir primé la photo. Celle-ci a été réalisée entre Barcelone et les îles Baléares alors que Jordi Chias espérait photographier des dauphins, à l’origine. « J’ai repéré ce filet qui flottait à la surface de l’eau », raconte le photographe. C’est en plongeant pour en savoir plus que celui-ci est tombé nez à nez avec la tortue Carette (appelée aussi Caouanne) coincée dans les mailles. « La pauvre créature avait dû rester piégée là pendant plusieurs jours, elle était complètement ligotée. Même si elle pouvait atteindre la surface en étendant son cou pour respirer, elle était vouée à une mort longue et cruelle. Elle me regardait comme si elle me demandait de l’aide. »
L’exposition de Jordi Chias montre à quel point les hommes peuvent se dresser contre la nature dans les océans, d’où le titre de l’expo : “L’être humain contre la mer”.