John McEnroe : « pas capable de faire aussi bien »
Il participe au Tournoi des Légendes. Normal, c’est une légende. John McEnroe, c’est en effet rien de moins que sept tournois
du Grand Chelem, trois Masters et cinq Coupe Davis !
Celui qui a été N°1 mondial dans les années 80 est donc bien placé pour parler des demi-finales messieurs et de ces acteurs.
Contre Jo-Wilfried Tsonga, Novak Djokovic a écarté quatre balles de match. Cela vous inspire quoi ?
John McEnroe : «Que je n’aurai pas été capable de faire aussi bien que lui ! Joué comme il l’a fait contre Jo, c’était extraordinaire. Quand vous sortez des points comme il l’a fait et que vous effacez quatre balles de match, c’est bien que vous êtes un des plus grands joueurs de l’histoire. A la fin du match, Jo a mis sa serviette sur la tête. Je comprends, car moi aussi je suis passé par là.»
Comment voyez-vous le match entre Federer et Djokovic ?
J. M. : «Federer joue très, très bien, Novak aussi. Ils ont énormément de confiance tous les deux. Maintenant, ils n’ont pas déployé tout leur jeu, c’est pour- quoi il est difficile de faire un pronostic. Roger doit jouer mieux s’il veut gagner. Quant à Novak, il a la pression, car il est proche de son objectif. Ils ont gagné trois tournois du Grand Chelem et Novak vise le quatrième. Les deux vont devoir jouer mieux s’ils veulent gagner le tournoi. Novak doit gérer la pression et jouer son meilleur tennis, c’est quasiment impossible !»
Un mot sur le tennis pratiqué
par Roger Federer ?
J. M. : «On ne peut pas dire
qu’il manque de confiance. Les
résultats parlent d’eux-mêmes,
même s’il a trente ans. Demain
(aujourd’hui), il va falloir qu’il
se batte. Jusqu’à maintenant, il
n’a pas sorti son meilleur tennis.»
Chez Nadal, pour vous, qu’est- ce qui est le plus extraordinaire ?
J. M. : «Je l’ai regardé des milliers de fois et je n’arrive toujours pas à choisir une chose. Il a un bon service, il monte à la volée, il va sur toutes les balles, il glisse sur la balle. Rafa sort des coups impossibles. Söderling l’a battu ici-même. Dommage qu’il ne soit pas là cette année. Nadal est très professionnel, extrêmement pré- paré. Battre ce type, c’est extrêmement difficile.»
David Ferrer a-t-il les moyens de le faire ?
J. M. : «A Barcelone, Ferrer l’a accroché et s’est la première fois que j’ai vu Nadal fatigué à ce point. Si j’étais de lui, je ne changerais rien à mon jeu. C’est un match de poids moyen contre un poids lourd ! David a fait de gros progrès. Son déplacement est extraordinaire en fond de court, mais également dans le court. Il va devoir trouver une stratégie pour battre Nadal.»
Un mot sur le coaching que
vous aimeriez voir évoluer.
J. M. : «Il faudrait que les coachs
secouent leur joueur. Cela
a notamment été le cas pour
Gasquet. Si j’avais été son coach,
je lui aurais dit «eh, secoue toi !».
Que ce soit chez les hommes,
mais également chez les filles,
on voit de plus en plus les
joueurs regarder vers leur coach.
Personnellement, je pense qu’il
pourrait être intéressant que le
coach puisse descendre une ou
deux fois sur le court.»
Si Novak Djokovic gagne Roland-Garros, il aura remporté quatre tournois du Grand Chelem sur deux saisons. Cela vous inspire quoi ?
J. M. : «C’est très, très dur. Les entraînements et la diététique sont beaucoup plus rigoureux qu’à mon époque. Cela étant, il est très difficile de gagner des tournois du Grand Chelem en cinq sets. Si ce type est capable de gagner quatre Grand Chelem, c’est génial ! Si je les avais gagnés, je les afficherai dans ma maison, même si ce n’est pas sur une année !»
Yves Tainturier