Joachim Son-Forget prépare-t-il son retour « à la maison » ?
Élections législatives. Celui qui a été élu député des Français établis en Suisse et au Liechtenstein en 2017 sous la bannière de la République en marche a rejoint le camp d’Éric Zemmour. Il ne dit pas non à une candidature aux législatives en Haute-Marne, là où il a grandi.
Joachim Son-Forget était en Haute-Marne lundi 7 février. Accompagné de Loup Bommier, maire de Gurgy-le-Château en Côte d’Or et de Marc Gairin, maire de Momy, dans les Pyrénées-Atlantiques, ils sont allés à la rencontre d’élus du département, à Foulain. Loup Bommier est porte-parole national de Reconquête, le mouvement politique d’Éric Zemmour. Marc Gairin est aussi très actif dans la campagne. « Nous sommes là pour écouter les élus », résume le maire de Momy. Mais Reconquête continue aussi sa quête des parrainages. « Nous sommes à 450-460 promesses », glisse Loup Bommier. Reste que mardi, à l’heure de la publication par le Conseil constitutionnel, le candidat Eric Zemmour enregistrait 149 soutiens officiels.
Pour son premier déplacement en tant que soutien d’Éric Zemmour, Joachim Son-Forget, député des Français établis en Suisse et au Liechtenstein, élu en 2017 avec l’étiquette En Marche, trouvait important de le faire « à la maison ». La maison. Car Joachim Son-Forget, fils adoptif de l’ancien huissier de justice chaumontais et de son épouse, a vécu jusqu’à l’âge de 17 ans à Marnay-sur-Marne avant de partir faire ses études. Il est médecin radiologue spécialiste du cerveau et exerce en Suisse. Issu des rangs du Parti socialiste, élu député LREM avant de quitter le parti présidentiel fin 2018, Joachim Son-Forget, trublion pour certains, sulfureux et incontrôlable pour d’autres, a rejoint le mouvement d’extrême-droite.
Un grand écart idéologique ?
Un grand écart idéologique pour ne pas dire une veste usée à force d’être retournée ? L’intéressé s’en défend et affirme avoir gardé ses « idées », celles d’une « droite libérale avec un penchant plus conservateur d’un point de vue sociétal. » S’il ne partage pas la totalité des idées de son candidat, « je suis plus mitigé sur les questions migratoires par exemple », Joachim Son-Forget retrouve en Éric Zemmour « la promesse » qui a fait gagner En Marche à savoir la volonté de réintéresser les gens à la chose publique.
« L’énergie, elle est là », lance Joachim Son-Forget. A Reconquête, où il retrouve « beaucoup d’amis », « il n’y pas de machiavélisme de cour », dit-il. « Cet entre-soi parisien » qu’il reproche à l’actuelle majorité. Il en veut plus au Parti LREM qu’à Emmanuel Macron qu’il a aidé « à lever des fonds » pour sa campagne de 2017.
Aller chercher une ministre d’Emmanuel Macron ?
De passage sur les terres où il a grandi, « sans démagogie, ma madeleine de Proust est dans les bois de Marnay », Joachim Son-Forget serait-il tenté par une candidature aux législatives ? « Je ne me refuse pas à cette idée », dit-il. « Mais je veux savoir si ça intéresse les gens (…) S’il y a une rencontre entre les citoyens, cette circonscription (la 1ère) et moi, symboliquement, ce serait très joli. » Et l’idée de venir chercher sur le terrain une ministre d’Emmanuel Macron, Bérangère Abba, ne doit pas lui déplaire. « Ce n’est pas un défi politique pour moi (…) Il s’agit de battre une députée sortante dans une circonscription où elle n’était plus présente du fait de son entrée au gouvernement. »
C. C.
La bataille se prépare
Nous sommes bien loin d’avoir la totalité des noms de ceux et celles qui brigueront les suffrages en juin prochain pour les élections législatives. L’entrée possible de Joachim Son-Forget dans la course dans la première circonscription (centre et sud de la Haute-Marne) va faire parler. Il se défend de venir défier une ministre d’Emmanuel Macron, Bérangère Abba. C’est pourtant bien ce qui risque de se produire car la secrétaire d’Etat à la biodiversité sera, sans nul doute, candidate à sa succession en défendant les couleurs de LREM en juin prochain. Le parti socialiste, qui devait désigner ses représentants en vue des législatives début février, a reporté à début mars ce vote interne. Côté Les Républicains, c’est le nom de Sophie Delong, ancienne maire de Langres aujourd’hui élue d’opposition dans la cité de Diderot et conseillère régionale qui circule avec insistance. Avant même le verdict de l’élection présidentielle, les partis préparent le coup d’après.