Jeux dangereux – L’édito de Christophe Bonnefoy
Prendre part, d’une manière ou d’une autre, au conflit qui oppose la Russie à l’Ukraine n’est évidemment pas un jeu. C’est un devoir même, que d’essayer de chérir la paix ou, en l’occurrence, de tout faire pour stopper une guerre et enrayer une possible escalade. Le passé, pas si lointain, a montré qu’à laisser faire les envahisseurs, on pouvait par excès de prudence s’exposer à leur folie.
La guerre n’est pas un jeu. Elle n’empêche néanmoins pas certains de jouer… avec le feu. C’est en tout cas ce qu’ont ressenti les chefs de parti à la sortie d’une réunion avec Emmanuel Macron. « Aucune limite », pas de « ligne rouge » au soutien à Kiev, « quoi qu’il en coûte ». De quoi faire bondir les oppositions. Le fameux “quoi qu’il en coûte” a arrangé tout le monde lorsqu’il s’est agi de soutenir l’effort de guerre… économique celui-là. Mais il fait frémir lorsqu’on commence à évoquer un engagement beaucoup plus direct dans un conflit. Pour dire les choses clairement, ce pas de trop qui pourrait faire entrer notre pays dans une guerre.
On sait très bien qu’en matière de diplomatie, donc de négociations ou même lorsqu’un Etat veut infléchir à distance la position d’un autre, les mots peuvent parfois être à la limite de l’acceptable. Faire peur. Et amener à flirter avec une ligne qui pourrait faire basculer vers le pire. La fameuse ligne rouge qu’Emmanuel Macron a évoquée ce jeudi avec les responsables des oppositions ? Qui sait. La politique internationale est faite de coups de bluff. Sauf qu’ici, c’est à Poutine qu’on essaie de montrer les muscles. Pas vraiment le genre d’homme à se laisser impressionner. Et même, tout à fait capable de franchir les lignes rouges avant les autres.
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