Jeunes sapeurs-pompiers : l’assurance secours des Haut-Marnais
Ils ont de 11 à 18 ans et ont voulu être Jeunes sapeurs-pompiers (JSP). Au terme de quatre années de formation, ils peuvent devenir sapeurs-pompiers volontaires (SPV). Dans les faits, ce sont ces jeunes gens qui font le gros des rangs de plusieurs centres de secours haut-marnais.
Au SDIS 52, le lieutenant Bernard Aubertin est celui qui chapeaute l’organisation des Jeunes sapeurs-pompiers (JSP). Il est lui-même sapeur-pompier volontaire (SPV) depuis grosso modo toujours et c’est l’adjoint du chef du centre d’incendie et de secours de Fayl-Billot.
« Un jeune qui entre JSP à onze ans peut passer son brevet à 16, et devenir sapeur-pompier volontaire (SPV) ». L’âge limite de la 4e année de formation est toutefois fixé à 18 ans, de sorte que des jeunes gens peuvent s’engager comme JSP un peu plus tard. Cette année, la Haute-Marne compte 313 JSP – 196 garçons et 117 filles – un effectif régulièrement à la hausse depuis trois ans. « On attribue cette tendance à l’effet post-Covid et à une prise de conscience (de l’importance du recrutement de JSP) au niveau des centres de secours ». Si, chez les JSP, la part féminine se rapproche de la part masculine, il y a davantage de garçons à devenir SPV. « Entre 30 et 40 jeunes passent le brevet chaque année ». Objectif ? « En avoir une cinquantaine ».
« Un tour en camion »
« C’est l’attrait du camion rouge ». Pour le lieutenant Aubertin, il n’y a pas à tortiller, l’aimantation de ce véhicule qu’on associerait comme un rien à une époque révolue reste bel et bien d’actualité. Aussi, lors de l’organisation de portes ouvertes, « un tour en camion » est toujours le moment le plus prisé. La Haute-Marne compte vingt sections de JSP, au service desquelles sont mis 40 animateurs spécialement formés, sachant que les six aide-animateurs qui les épaulent se préparent à rejoindre leurs rangs. L’apprentissage d’un JSP s’effectue donc en quatre cycles, qui tiennent compte de l’évolution physique de jeunes gens qui grandissent. Ainsi, si au plan médical, un certificat d’aptitude est suffisant les deux premières années, dès qu’on devient JSP 3, c’est celui d’un docteur sapeur-pompier qui est requis. « La capacité pulmonaire notamment mérite une attention particulière lorsqu’on enseigne aux JSP l’évolution sous appareil respiratoire isolant ». Une autre visite « poussée » s’impose au moment de l’engagement comme SPV, au terme de la 4e année. Au passage, ces check-up approfondis permettent, comme jadis au service militaire, de détecter des faiblesses passées jusque-là sous les radars, par exemple de la vue.
Pauses… et retour
« Il arrive que des jeunes ne passent pas le brevet (en 4e année) pour des raisons qu’on a du mal à identifier ». Un phénomène qui équivaut à trois ou quatre cas par session. Toutefois, les partants « recyclent » ce qu’ils ont appris, en s’investissant dans d’autres structures. « On les retrouve à la sécurité civile ou dans des associations caritatives ». Non, chez les JSP, si décrochages il y a, ils s’observent après la 1ère année – « correspondant à 20 à 30% de l’effectif » – car « c’est le moment où la confrontation avec la réalité est la plus rude ». A contrario, « on a beaucoup de jeunes animés par une vraie passion ». En tout état de cause, des centres de secours haut-marnais tournent exclusivement avec des SPV… qui, « à 70 ou 80% » sont issus des rangs des JSP. C’est le cas de Fayl-Billot, où 25 personnels sur 33 ont été JSP. « Mais ici, on travaille sur le très long terme… ». La section JSP de la cité de la vannerie va d’ailleurs fêter son demi-siècle en juillet prochain. Sans pour autant être la doyenne du département : à Langres, elle existe au moins depuis 1958. « Après avoir formé des jeunes quatre à six ans, il faut les garder », pointe le lieutenant Aubertin. Lesdits jeunes doivent composer eux-mêmes avec des contraintes – études, emploi, mutation… « Il en est qui mettent en pause leur engagement… et qui reviennent ». L’attachement au service des habitants de la Haute-Marne motive également des « retours au pays » chez les professionnels. « Les sapeurs-pompiers de Paris reviennent souvent ».
Disponibilité
« Pour un Noël, ma belle-mère avait invité à manger toute la famille. Soudain, une alerte a été donnée, une intervention se préparait ». Sauf que dans le cercle familial du lieutenant Aubertin, l’ADN prévoit d’être SPV. Aussi, ce jour-là, ils sont quatre convives à déserter la table pour aller porter secours à des personnes en détresse… En dehors de l’ensemble des qualités techniques et physiques dont un SPV doit savoir faire preuve, la disponibilité est en effet un préalable.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr