Jeu de postures – L’édito de Patrice Chabanet
Jeu de postures – L’édito de Patrice Chabanet
Le chamboule-tout des dernières élections n’a pas changé fondamentalement les postures politiques. Deux événements, pratiquement concomitants, viennent de le prouver : la présentation du budget d’un côté, la prise de contrôle par des capitaux étrangers d’Alstom et de STX de l’autre. Attaqué à la fois par la gauche et la droite, le gouvernement pourra toujours se dire qu’il est dans le vrai. C’est notamment le cas pour le budget. Il n’y en a que pour les riches, clament en choeur la France insoumise et le Parti socialiste. Chez les Républicains, on dénonce le manque d’audace pour faire baisser la dépense publique. En fait, la vérité se trouve entre ces critiques convenues. Ainsi, un certain nombre de retraités dits « aisés » vont être frappés par l’augmentation de la CSG, sans pouvoir bénéficier de la suppression de la taxe d’habitation. En revanche les ménages les plus riches dont la fortune est constituée par des avoirs financiers bénéficieront du prélèvement forfaitaire unique. Une mesure visant à favoriser l’investissement et à faire revenir les exilés fiscaux. C’est un pari. Attendons de voir s’il est gagnant ou perdant pour l’économie française.
Les affaires Alstom et STX, elles, ont replacé au centre du débat la question du patriotisme économique. En démocratie, chaque point de vue est respectable. On peut admettre que c’est la France industrielle qui baisse pavillon. Mais de là à parler de dépeçage, il y a des abus de langage qui n’honorent pas ceux qui les profèrent. Sans parler, dans le cas d’Alstom, d’un antigermanisme primaire qui ne se cache plus depuis quelques mois. On oublie, par exemple, que PSA a mis la main sur Opel. Sur un plan plus technique, quand l’actionnaire majoritaire ne détient pas plus de 51% des actions, il n’a pas les coudées franches. Dans les deux entreprises concernées, les Français auront la minorité de blocage qui n’est pas une simple figure de style. Il vaudrait mieux se poser la question pourquoi Alstom et STX en sont venues là. Et dans une vision plus positive, il serait plus efficace de réfléchir sur l’art et la manière de placer les entreprises françaises en position d’imiter Siemens et Fincantieri.