Jeu de peindre : une expression artistique libérée
Art. L’association « Les Inouïs Curieux » a lancé une nouvelle activité : le Jeu de peindre. Cette pratique, centrée sur l’acte artistique et non sur la production finie, vise une expression authentique et spontanée. Depuis début novembre, un groupe s’essaie à cette pratique.
Depuis novembre, cinq personnes découvrent le Jeu de peindre, organisé à l’atelier des Inouïs Curieux, dans le centre-ville. Ne définissant aucun thème ou pratique artistique à respecter, le Jeu a pour objectif de laisser place à une expression libre et émancipée des apprentissages académiques.
« Ce n’est pas un atelier de formation à une pratique artistique. On ne va pas apprendre à peindre », pointe Véronique Guyotot-Lanz, praticienne du Jeu de peindre et présidente de l’association « Les Inouïs Curieux ».
« On ne s’attache pas à la production, mais à l’acte artistique »
Avec une participante de 6 ans et deux adultes, le Jeu de peindre se veut à la fois intergénérationnel et convivial. Bien que chaque participant s’occupe de son pinceau, il y a une émulation de groupe. « Chacun s’exprime sur son espace, mais au sein d’un atelier collectif. Ça reste un jeu, donc c’est ludique et il y a des interactions entre les gens. L’ambiance est bienveillante », indique Véronique Guyotot-Lanz.
« Quand on n’a pas de support ou de modèle, on est face à une feuille blanche. Ce qui nous vient est au plus proche de notre expression intérieure. De cette manière, on part sur quelque chose de pure et d’authentique », souligne la praticienne.
Elle précise : « On n’est pas dans une recherche d’image, de compétitivité ou de jugement. C’est tout l’inverse. Il y a aucun commentaire sur ce qui est fait et il n’y a pas d’attente. Ça peut être déconcertant, mais c’est ce qui est intéressant. La personne d’à côté n’est pas meilleure ou moins bonne, elle s’exprime. On ne s’attache pas à la production, mais à l’acte artistique ».
Ce qui est fait à l’atelier, reste à l’atelier
C’est pourquoi aucune toile ne sort de l’atelier et qu’elles ne feront jamais l’objet d’une exposition. Archivées entre les murs de l’association, elles restent néanmoins consultables. « Ce n’est pas une question de cacher, mais de s’assurer que les travaux ne vont pas dans le monde extérieur », complète Véronique Guyotot-Lanz. Prenant sa casquette d’artiste, elle confie : « Quand on travaille dans son atelier, on est heureux. Mais, quand on montre ce qu’on fait et qu’on n’a pas de reconnaissance, on est tout de suite moins bien. »
L’activité se déroule obligatoirement dans un « Closlieu », un espace imaginé par Arno Stern, son créateur (voir encadré). Ce Closlieu ambitionne d’être un espace idéal pour favoriser la liberté de l’atelier. Pour ce faire, il doit être sans fenêtre et protégé du monde extérieur. Au centre, une « table-palette » met à disposition les couleurs sans que celles-ci ne nécessitent de préparation. Les toiles sont accrochées au mur et les participants peignent debout.
En suivant ces grandes lignes, Véronique Guyotot-Lanz a imaginé son atelier. Dix-huit peintures prêtes à être appliquées se trouvent ainsi au centre de l’atelier des Inouïs Curieux, sur la » table-palette », avec les pinceaux. A noter que les participants au Jeu ne peuvent pas faire de mélanges de couleurs. « C’est au praticien de s’en charger », indique Véronique Guyotot-Lanz.
Julia Guinamard
j.guinamard@jhm.fr
Un jeu imaginé par Arno Stern
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, Arno Stern créé pour des enfants orphelins le Jeu de peindre. « De là est née une réflexion sur comment nait l’expression. Arno Stern, qui a beaucoup voyagé, s’est rendu compte que les enfants faisaient des signes similaires et utilisaient souvent les mêmes couleurs, peu importe leur histoire ou leur origine ».
En 2019, Véronique Guyotot-Lanz a été formée par Arno Stern comme praticienne du Jeu de peindre. « On est avec lui en immersion totale, on assiste à des séances du Jeu de peindre », explique-t-elle. Ce qu’elle propose est ainsi une réplique de ce qu’il fait.
Chercheur et pédagogue, Arno Stern est notamment reconnu pour être à l’origine d’une nouvelle attitude face à l’enfant aujourd’hui appelée « écologie de l’enfance ».