Jeu de dupes – L’édito de Christophe Bonnefoy
C’est l’histoire d’une Histoire qui n’en finit pas de frôler le pire, jusqu’au jour où la bascule sera inévitable. On n’en est peut-être pas loin, entre la Chine et Taïwan, alors que la première vient d’engager trois jours d’exercices militaires. Pas à distance. Pas seulement à coups d’approches plus ou moins menaçantes. Mais carrément dans le détroit de Taïwan, justement. Avec ce qui est nommé par les autorités un exercice « d’encerclement total » de l’île. C’est clair.
Voilà qui ne manque pas d’une certaine ironie, quelques heures seulement après la visite d’Emmanuel Macron à Pékin. Les Chinois l’affirmaient dur comme fer face au Président français : on pouvait compter sur eux pour œuvrer à la paix dans la région de l’Ukraine. Bon, certes, ils n’avaient pas étendu leur promesse à Taïwan. Mais tout de même, voilà une géométrie très variable qui donne une idée du poids de la France – de l’Europe, aussi – auprès des autorités chinoises. On fait ce qu’on veut, quand on veut, comme on veut. Au risque d’ouvrir un nouveau front plus qu’instable dans un monde qui n’a pas vraiment besoin de ça. Qui n’a pas besoin de ces manœuvres à tirs réels prévus ce lundi par Pékin.
On connaît la haine de la Chine envers une région qu’elle considère comme sienne et qui ne l’entend pas de cette oreille. Le problème ne date pas d’hier, mais de plusieurs dizaines d’années. On sait, aussi, ne soyons pas naïfs, que Pékin ne tente pas d’apaiser la crise ukrainienne dans le seul but de jouer les faiseurs de paix. Au contraire, c’est bien un problème d’influence qui est en jeu actuellement. La renforcer encore un peu plus ? C’est gros comme le nez au milieu du visage. Montrer sa bonne volonté à un endroit pour mieux frapper ailleurs ? Ça y ressemble tout autant.