Jérôme Commandeur veut « vivre ensemble des moments forts »
Cinéma. Jérôme Commandeur est venu présenter son film “Irréductible” à Chaumont, en avant-première, puisqu’il sortira seulement le 29 juin dans toutes les salles. Très accessible et particulièrement disert, il a parlé du film, de son métier et de sa conception de la vie.
Ce jeudi 27 janvier, non seulement, le cinéma de Chaumont a eu droit à l’avant-première du film “Irréductible” de et avec Jérôme Commandeur mais aussi à la première avant-première. L’acteur réalisateur a commencé sa tournée en Haute-Marne, avec Saint-Dizier et Chaumont. Un honneur pour Thierry Tabaraud, l’exploitant des deux sites.
D’ailleurs, face aux spectateurs, Jérôme Commandeur a tenu à souligner l’importance d’aller au cinéma et de « soutenir les exploitants durant cette période très compliquée ». Il le répète : « Les salles de cinéma assurent le confort et la sécurité sanitaire ».
Au gré de la crise sanitaire
La pandémie a quelque peu perturbé le tournage du film qui s’est déroulé de septembre à décembre 2020, lors du deuxième confinement. Il s’est fait au gré des ouvertures et des fermetures des pays sachant qu’une équipe est constituée de plus de 300 personnes. Pas simple pour se déplacer ! Jérôme Commandeur explique s’être adapté et, alors que dans le film le spectateur voyage beaucoup, le tournage a réellement eu lieu en Suède, à la Réunion, à Paris et à… Limoges ; la ville où commence l’aventure de ce fonctionnaire « irréductible ». Le cinéaste dit aussi ne pas avoir voulu reporter ce tournage pour ne pas pénaliser les techniciens et les différents corps de métier. La crise sanitaire les a directement touchés et « ils étaient heureux de sortir d’un tambour de machine à laver ».
Pas de faux décors donc, pas de fonds verts pour que le spectateur y croit. « Il ne s’y trompe pas. » Le suédois parlé est également du vrai suédois tout comme le langage de la tribu. Pour cela, Jérôme Commandeur utilise sa mémoire tampon ; celle qui permet de retenir un texte en très peu de temps et qui l’oublie aussitôt.
Cinéma versus scène
Quant à savoir s’il préfère la scène ou le cinéma, l’homme fait une grande différence entre les deux arts. « Le cinéma est un travail de précision dans lequel nous coupons les cheveux en quatre. Nous emmenons avec nous des professionnels exceptionnels. Nous pouvons être fiers du cinéma français. » Il pense aux stylistes culinaires, aux chefs opérateurs ou encore aux bruiteurs. Pour la scène, Jérôme Commandeur met en avant l’exercice solitaire et le contact direct avec les spectateurs.
Pour lui, « ce sont des moments précieux » qui le poussent, d’ailleurs, à faire des avant-premières pour ses films. Sa fierté et son émotion sont de voir une famille entière se déplacer en salle pour « vivre ensemble des moments forts ». Pour cela, son film se veut une comédie familiale dans la ligne droite des films de Veber ou De Broca, du “Jaguar” ou de “La Chèvre” avec pour ambition « d’éloigner les personnes de leurs écrans individuels à la maison ».
Dans cet esprit, Jérôme Commandeur a tenu, dans son film, à aborder des thèmes d’aujourd’hui « même si les gens n’ont pas besoin des artistes pour penser ». Il aborde, avec humour, des sujets comme les familles recomposées, le climat, la mixité ou les migrants et dit ainsi, « ne semer que des graines ».
Frédéric Thévenin
Doux comme un pull en mohair
Une bande originale travaillée (Lenorman, Dion, Abba, Macias…), des acteurs avec des scènes hilarantes (Lemercier, Clavier, Darmon…), “Irréductible” est comme un pull en mohair qui sert de doudou. C’est un film réconfortant avec, par exemple, Gérard Depardieu dans une scène émouvante. Jérôme Commandeur y parle « d’une France qui lui tient à cœur, un pays de partage avec des passionnés par leur territoire ». Un moment de poésie.
Moins tendre est la charge contre la fonction publique. Au-delà « des pichenettes envoyées », il parle des personnes indispensables pour que la France fonctionne mais aussi du déclassement que subissent de nombreuses personnes. Il évoque « les Français ronchons, à contre-courant et au grand cœur. Les irréductibles ».
Quant au prix reçu au Festival de l’Alpe d’Huez, il a été reçu par Jérôme Commandeur « comme un couillon. Je ne m’y attendais pas ». Il se dit particulièrement heureux « en cette période difficile durant laquelle la VOD, les plateformes, les réseaux sociaux prennent le dessus sur tout. Ce prix donne un coup de projecteur au film dans une masse d’information dans lequel on se noie ».