Jean-Christophe Fromantin à Saint-Dizier : « Les villes moyennes sont une chance »
Initiateur du collectif des Villes moyennes, le maire de Neuilly-sur-Seine, Jean-Christophe Fromantin, donnait une conférence jeudi soir au Palace. Pour l’élu, « les villes moyennes sont passées d’une charge à une chance ».
Après une journée à sillonner la ville avec toute une délégation (lire ci-contre), le maire de Saint-Dizier Quentin Brière, le député François Cornut-Gentille et Jean-Christophe Fromantin, maire de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), se sont arrêtés au Petit Paris jeudi soir pour évoquer les villes moyennes*. Les trois hommes partagent la même vision sur le sujet.
L’élu francilien a vécu dans différentes villes moyennes, Saintes, Dunkerque, Châteauroux ou encore Neuilly. Des communes dans la « jauge » des villes dites moyennes auxquelles fait partie Saint-Dizier. « Il y a un sujet villes moyennes aujourd’hui, sous-jacent depuis plusieurs années et qui s’est accentué », indique Jean-Christophe Fromantin, qui s’appuie sur trois arguments majeurs : une « aspiration au bien-être plus forte que l’envie de réussite, révélée par l’Institut Montaigne en 2015 » ; la saturation des métropoles ; et l’innovation qui permet aux zones hors métropole de bénéficier de services en ligne. « La crise [sanitaire] a révélé tout ça au grand jour » estime l’élu, convaincu du fait que le modèle métropolitain est révolu. « Les villes moyennes sont passées d’une charge à une chance ».
« Sanctuariser les services publics »
Cela, Saint-Dizier en a bien conscience. L’ancien maire François Cornut-Gentille verrait bien la cité être « une ville modèle des villes moyennes », même si « changer une ville, ce n’est pas en 20 ans mais en 40 ou 50 ans ». « Cette vague pour les villes moyennes, faisons en sorte qu’elle dure », poursuit Quentin Brière, « c’est un défi que l’on peut mener aujourd’hui ».
Reste à se donner les moyens techniques d’y parvenir dans les territoires. « C’est bien de fibrer les gens, mais si on n’a pas de système d’infrastructure qui vient se plugger dessus, alors on échouera », poursuit Jean-Christophe Fromantin. Le collectif qu’il a initié entend ainsi alerter l’Etat. « On lui demande, ainsi qu’aux présidents de Régions, de stabiliser le réseau des villes moyennes, de sanctuariser les services publics. La gare, l’école, la maternité, il faut sacraliser ces lieux ! » Un message qu’il a répété au Palace, le soir, devant une petite centaine de personnes.
Jean-Christophe Fromantin estime qu’il est possible, en moins de dix ans, d’inverser la tendance et de ramener de la population dans les villes moyennes au détriment des métropoles. « Avec la crise, on compte entre 6 et 8000 écoliers en moins à Paris, ce n’est pas rien… »
N. F.
n.frise@jhm.fr
* Un sujet qu’il développe à travers le livre « Travailler où nous voulons vivre », sorti en 2018. Jean-Christophe Fromantin est aussi l’initiateur du collectif villesmoyennes.org, qui rassemble un collectif de 175 personnes, pour deux tiers des élus et un tiers, des membres de la société civile.