Florent Manaudou : « Je vais essayer de monter sur la boîte »
La jeune association FNMNS 52 (Fédération nationale des métiers de la natation et du sport), présidée par Jamil Naïtamer, organisait, samedi 23 septembre, les Eaux’lympiades bragardes, à La Presqu’île de Saint-Dizier. Pour cet événement, le nageur Florent Manaudou, multi-médaillé olympique (un titre, trois médailles d’argent) et mondial (huit titres et treize médailles au total), était présent.
Jhm Quotidien : Pourquoi est-il important pour vous d’être ce samedi 23 septembre à Saint-Dizier ?
Florent Manaudou : « Tout d’abord, je veux remercier les bénévoles. On est venu me chercher à Orly super tard, avec cinq-six heures de route. J’ai toujours été dans une famille de nageurs, mais également une famille de bénévoles. Donc je sais le temps que cela prend. Je sais également les qualités de ces personnes, car en France, sans ces bénévoles, il n’y a pas de sport. Ce sont des événements comme celui-là qui donnent envie aux jeunes de faire du sport dans la bonne humeur. Je vais pouvoir partager cela et je suis content d’avoir été invité. Merci pour tout ce que vous faîtes. »
Jhm Quotidien : Les statistiques ont montré que beaucoup de personnes, notamment les jeunes, ne savaient pas nager. Pensez-vous avoir un rôle à jouer ?
F. M. : « Oui, je pense que j’ai un rôle à jouer. Que je joue d’ailleurs, grâce à un de mes sponsors. On a lancé le programme “savoir nager”. On m’a dit qu’à l’entrée en 6e un jeune sur deux ne sait pas nager. Moi qui baigne dans le monde de la natation, cela me parait incroyable et je me dis que c’est dangereux. En effet, on est amené à être dans une piscine, un lac, une rivière, une mer, un océan, peu importe. C’est pour cela que je m’implique. C’est un programme qui prend des jeunes plus ou moins défavorisés sur deux semaines, trois semaines et qui apprennent à nager, de A à Z. Même si, pour moi, apprendre à nager, c’est un grand mot. Il faut plutôt apprendre à être en sécurité dans l’eau et à se déplacer dans l’eau. Quand ils arrivent, si on les jette dans l’eau ils coulent. A l’arrivée, si on les jette à nouveau dans l’eau, ils sont capables de faire 25 mètres et de sortir de l’eau tous seuls. C’est ça vraiment le point le plus important dans ce programme. »
« La dernière année que je vais faire très sérieusement »
Jhm Quotidien : Pendant votre coupure, vous avez fait du handball. Pourquoi cette discipline ?
F. M. : « J’ai fait du hand quand j’étais petit. C’est mon sport préféré. Mon père était joueur, puis entraîneur de hand. Je suis tombé amoureux de ce sport. En cinquième, j’avais douze ans, j’ai eu une mauvaise note et ma mère m’a déchiré ma licence de natation et de handball. Dans ma tête, comme j’ai un petit côté rebelle, je me suis dit « un jour je referai du hand ». C’est ce que j’ai fait ! En 2016, j’avais l’impression d’avoir checké tous les challenges que je voulais et d’avoir compris tout ce que je voulais comprendre avec la natation, donc je me suis lancé un nouveau challenge dans le hand. A savoir retrouver l’amour du sport et du jeu. On dit jouer au hand, au foot, au basket, où au volley, mais on ne dit pas jouer à la natation, c’est quelque chose qui n’est pas très ludique et je suis allé rechercher ce ludisme dans le hand. »
Jhm Quotidien : Vous avez fait vos premiers pas à la télé. Une bonne expérience ?
F. M. : « Tout est une bonne expérience dans la vie. Tant que l’on est curieux. J’ai fait beaucoup de choses dans ma vie. Cela me plaît d’aller chercher des choses dans plusieurs domaines, car je le transpose après dans mon métier qui est la natation. Le cinéma, c’est quelque chose qui m’a plu. Je pense que cela doit être bien d’être un très grand acteur qui peut choisir ses rôles et qui tourne du matin au soir. Moi, j’étais convoqué à huit heures pour tourner à seize et j’avais l’impression de perdre du temps et de pouvoir faire autre chose. J’ai fait une petite apparition dans Astérix de Guillaume Canet. C’était très cool et on verra où la vie me mène. »
Jhm Quotidien : Vous avez repris le haut niveau avec les Jeux olympiques en ligne de mire. Est-ce un bon moyen de boucler définitivement la boucle ?
F. M. : « Je pense que je n’irai pas aux Jeux olympiques de Los Angeles. J’aurai 38 ans. C’est un des derniers gros challenges que je me lance. Honnêtement, si cela n’avait pas été à Paris, je ne l’aurais pas fait. Je n’ai jamais partagé de moments intenses avec le public français, car on n’a pas forcément beaucoup de bassins, et beaucoup de championnats d’Europe, du monde, etc… Je voulais partager cela. Je suis également dans un rôle de transmission. Oui, je nage, je suis là pour gagner les Jeux olympiques, car on s’entraîne toujours pour gagner, mais je suis aussi là parce que je suis capitaine de l’équipe de France de natation, de la flamme olympique et j’ai envie de donner toutes mes bonnes ondes et de transmettre tout ce que j’ai appris durant toutes ces années. Cela bouclera certainement la boucle. Ce qui est sûr, c’est la dernière année que je vais faire très sérieusement. »
«J’aimerais beaucoup porter la flamme à Marseille»
Jhm Quotidien : Quels sont vos objectifs à Paris ?
F. M. : « On veut toujours gagner quand on s’entraîne ! Je ne m’entraîne pas pour perdre. Il y a un seul champion olympique tous les quatre ans. Je sais à quel point c’est difficile. J’ai eu la chance de faire trois podiums dont un titre. Je vais essayer de monter sur la boîte, mais aussi d’être heureux, car c’est le plus important. Je veux sortir de cette année en ayant tout donné, faire le mieux possible. Et pour moi, c’est de gagner ! »
Jhm Quotidien : En quoi consiste votre rôle de capitaine de la flamme olympique ?
F. M. : « Il y a 10 000 porteurs de la flamme, d’Athènes jusqu’à Paris. Je vais sûrement être sur une ou deux dates. J’aimerai beaucoup porter la flamme à Marseille, parce que je suis un Marseillais de cœur. On est quatre. On est là pour donner quelques conseils à certains porteurs et essayer de donner un maximum d’énergie et en recevoir un maximum des Français qui seront sûrement sur le bord des routes. »
Jhm Quotidien : Un mot sur la relève et le phénomène Léo Marchand ?
F. M. : « C’est quelqu’un d’extraordinaire, sportivement, mais humainement aussi. Je le trouve d’une maturité incroyable à son âge. Il a 21 ans. Je pense que ce sera le plus grand nageur de l’histoire de la natation française. Il l’a prouvé cet été en ayant des résultats incroyables en battant quelques records qui étaient difficiles à battre. J’ai hâte de voir ce que cela va donner aux Jeux. Je suis très content qu’il s’entraîne aux Etats-Unis, loin de tout, notamment la ferveur qui peut par moments être difficile à gérer. Quand on a mon âge et mon expérience, c’est un peu plus facile, mais lui, il n’est pas encore champion olympique. Il est favori, mais c’est très bien qu’il soit un petit peu “en dehors”. Il est très bien coaché, physiquement, mentalement, etc… C’est un garçon que j’aime énormément. »
Recueillis par Yves Tainturier