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«Je suis totalement démunie»

La détresse et les souffrances des parents et proches de toxicomanes ont surgi de la voix d’une mère de famille réduite à solliciter l’aide des policiers afin de mettre un terme à la descente aux enfers de son fils. Ce témoignage a mis en évidence de criants manques de moyens en matière de prise en charge des toxicomanes.

«William pouvait se montrer agressif, mais je n’ai jamais voulu l’abandonner. J’ai multiplié les démarches afin qu’il puisse suivre une cure, mais les médecins me répondent que mon fils est majeur, il est donc le seul à pouvoir être à l’origine de toute démarche de soins. Je suis totalement démunie, j’ai tout essayé, mais je ne sais plus vers qui me tourner, mon seul pouvoir serait de le faire enfermer dans un hôpital psychiatrique. La Méthadone est une béquille, mais il faut un travail de fond afin que mon fils se soigne.» Porte-voix de centaines de parents en souffrance, une mère de famille aura trouvé force et courage afin de dénoncer les failles béantes d’un système socio-médico-judiciaire peinant à assurer une juste prises en charge des toxicomanes.

Incapables d’endiguer des trafics de plus en plus actifs, les pouvoirs publics se heurtent à une véritable difficulté à offrir une réponse adaptée à un nombre graduel de toxicomanes. Si des mesures de santé publique ont été prises afin d’assurer la distribution de kits d’injection et ainsi éviter de véritables épidémies de Sida et hépatite C, les moyens humains et matériels visant à assurer le sevrage et l’accompagnement des toxicomanes demeurent dérisoires. Les efforts déployés en matière de sécurité routière tranchent avec la faiblesse des actions de lutte contre la toxicomanie. Toutes les vies n’ont manifestement pas la même valeur…

Touché par le témoignage d’une femme éprouvée, le juge Thil aura fait état d’une certaine impuissance face à un fléau particulièrement perceptible dans le département. «Je ne sais pas quoi vous dire madame… Nous ne pouvons pas recourir à une injonction de soins, faute d’un nombre suffisant de psychiatres et addictologues», soulignait le magistrat.

Descente aux enfers

Le parcours de William Lee renvoyait à la misère quotidienne du flot d’héroïnomanes défilant à la barre du tribunal correctionnel. Avec de graves problèmes familiaux pour terreau, la déchéance de ce gamin de 24 ans aura trouvé racine au sein de l’internat d’un établissement scolaire de Fayl-Billot. Première injection et courte lune de miel… Soumis à une dépendance assassine, le jeune homme aura progressivement sombré dans la délinquance afin de financer sa dose quotidienne et de régulariser ses dettes auprès de ses dealers. Condamnée à voir son fils dépérir au fil des mois, la mère de William Lee en sera venue à recourir aux forces de l’ordre afin de mettre un terme à une véritable descente aux enfers. Rédigé avec soin et minutie, le procès-verbal dressé par les policiers chaumontais dépeignait une scène commune à l’univers de la toxicomanie. Affalé bras en croix sur un canapé, garrot au bras gauche, main droit étendue à proximité de sa shooteuse, coupelle et pochon d’héroïne en bonne place, William Lee dut être tiré de ses narcotiques songes par des policiers au chevet d’un gosse au visage angélique.

L’amour d’une mère et plusieurs sursis avec mise à l’épreuve incluant des obligations de soins n’auront pas pesé bien lourd face à la dépendance. «Aux yeux du Ministère public, monsieur est un délinquant, il doit être puni, mais monsieur est également une victime, un malade, nous devons tout mettre en œuvre afin de lui donner une chance même si les moyens sont limités. Punir sans aider n’aurait pas de sens», soulignait le procureur Amouret avant de requérir une peine de deux ans de prison ferme en partie assortie d’un sursis avec mise à l’épreuve incluant des obligations de soins.

Après en avoir délibéré, président et assesseurs ont condamné William Lee à deux ans de prison dont quinze mois assortis d’un sursis avec mise à l’épreuve. Sorti de prison, le jeune homme se verra à nouveau prescrire Méthadone ou Subutex par son médecin généraliste. Sans pouvoir disposer de moyens réclamés à cor et à cri par des centaines familles dans un département où le Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa) ne peut à lui seul gérer les situations de malades en souffrance.

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