Jardins suspendus : un projet de convention qui interroge
Pour faire vivre le site touristique des Jardins suspendus, un projet de nouvelle convention entre la commune de Cohons et l’association des Escargots en folie est en préparation. Il soulève des interrogations.
« Remettre en place une gestion saine des Jardins suspendus ». Depuis des mois, le 1er adjoint de Cohons cherche des réponses à ses questions. Guy Chareton en a obtenu, mais elles restent vagues. Or, samedi 19 février, les élus et sept membres de l’association devaient apprécier le projet de nouvelle convention entre la commune et l’association Escargots en folie. À ce stade, le document entend « définir les contributions de chacune des parties et les contreparties qu’elles peuvent en espérer ». En rappelant comment la commune s’est retrouvée en charge d’ « entretenir » le site, de l’ « ouvrir au public », d’y « installer des activités touristiques ». Elle a signé un bail emphythéotique avec les propriétaires des Jardins (environ 3,5 ha) pour une durée de 40 ans. Ce montage juridique est singulier, il peut même inspirer l’exotisme (voir encadré, le JHM Quotidien y reviendra). En effet, depuis plusieurs années, la commune pioche dans ses propres deniers, sait mobiliser des subventions qui améliorent les lieux ou qui vont les améliorer. Des lieux qu’elle loue (pour 1 €) jusqu’en 2052. Alors, les bailleurs privés seront à même de les récupérer pour en faire ce que bon leur semble. En tout état de cause, leur bien aura été valorisé. Grâce à de l’argent public.
« Vue » sur les comptes des Escargots
« L’association des Escargots, qui a contribué, avec l’aide de Cohons, à l’aménagement des Jardins ne peut pas jouir du site aujourd’hui ». Il est aussi établi que la commune a apporté sa part sonnante et trébuchante et qu’elle a mis son personnel à disposition pour l’entretien des Jardins. Les comptes de l’association seraient bienvenus pour regarder les termes du projet de nouvelle convention, insiste Guy Chareton. Il en a été présenté samedi… Établis pour l’heure au doigt mouillé à moins qu’un drone ait survolé la trésorerie des Escargots en folie, au regard des intitulés du document présenté : « vue financière communale… », « vue financière associative d’ensemble… », et « quelques postes de dépenses », « quelques postes de recettes » pour chacune des deux parties. Les lignes budgétaires citées sont vagues, comme « Permis de construire pavillon jardinier » pour 1 200 € au débit de Cohons ou « Jardinage matériel M. X » pour 3 000 € à celui des Escargots. Guy Chareton réclame des éclaircissements depuis le 26 avril 2021… en vain. Malgré ses relances. Samedi, il a essuyé l’ire de ses homologues qui l’ont accusé de vouloir torpiller les Jardins. « Ce n’est pas surtout pas ce qui m’anime ! ». Comment imaginer pareil dessein ? L’élu se contente de pointer qu’en l’état, le projet de nouvelle convention de partenariat prévoit de rediriger vers la trésorerie des Escargots la quasi-entièreté des recettes du site. De sorte que la commune abandonne à peu près toutes les recettes… en finançant à peu près tous les moyens de les engranger. « Les Jardins doivent continuer d’exister pour le bien de tous ». Il est donc urgent de mettre leurs comptes à plat, c’est la clé d’une « paix retrouvée » à Cohons. Il se trouve que le document en projet mentionne aujourd’hui que si une de ses dispositions est illégale, elle sera nulle.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr
Faire compliqué car c’est simple ?
Il est fort rare qu’une collectivité investisse dans un bien qui n’est pas le sien. Juste parce que l’enrichissement de celui-ci reviendra à… une personne privée. Au terme de 40 ans, quelle valeur au bien auront apporté les investissements ? Il faudrait comparer sa valeur locative aux montants engagés. Ensuite, pourquoi confier à une association l’animation large du site et non à une société d’économie mixte ? Pourquoi l’association n’est-elle pas « le preneur » du bail ? Quelle garantie d’indépendance présente l’association… qui est financée par la commune ? Ne risque-t’elle pas d’apparaître comme une « association transparente » -le simple prolongement de la collectivité ; et sa gestion, sembler une « gestion de fait » ? -des élus siègent à la tête des Escargots, dont le maire, qui est vice-président.