Jardins suspendus de Cohons ou le tourisme fondé sur un bail exotique
Le tourisme autour des Jardins suspendus repose sur un bail signé entre la commune et des particuliers. Cohons peut valoriser le site, sans rien attendre en retour. Sachant que le projet de restaurer une de ses pièces maîtresses omet qu’elle échappe à l’emprise du bail.
C’est le 26 octobre 2011 que le conseil municipal de Cohons valide le « principe » de l’établissement d’un bail emphythéotique avec les propriétaires pour l’exploitation en somme des terres et immeubles des Jardins suspendus, qui sera signé le 1er janvier 2013, pour une durée de 40 ans.
Le contrat sera bien conclu… mais plus tard : le 09 et 23 décembre 2014. En effet, la délibération du conseil municipal sur « le principe » de 2011 a finalement été « retransmise » à la sous-préfecture de Langres. En cause : « une erreur matérielle ».
En réalité, il faut revoter. C’est fait le 15 décembre 2014.
L’ « erreur matérielle » coûte donc 3 ans à l’accomplissement du projet de la municipalité. Ce décalage va surtout introduire une première singularité dans le bail, qui, en 2014, indique prendre effet… en 2013. Il est ainsi… rétroactif. C’est vrai que les Jardins ont ouvert au public… en 2013.
Zéro compensation pour Cohons, c’est inscrit
Cohons est « le preneur », la famille propriétaire, « le bailleur ». En résumé, à Cohons d’entretenir tous les édifices -sans obligation de les améliorer. Tout en réparant les constructions déjà présentes à la signature… et celles qui auront été édifiées « par la suite ». Voilà pour les conditions de jouissance des Jardins. Elles complètent l’objet du bail : rénover les murs (soutènement, enceinte) selon la technique de la pierre sèche (…) le passage de la roche percée (…), des aménagements, des bancs, des aménagements en pierres sèches situées dans le bois, de la tonnelle de la grande terrasse. Ensuite, à Cohons toujours de réhabiliter terrasses et arbres fruitiers, d’entretenir tous les types d’espaces verts. Enfin, à la commune encore de valoriser les parties boisées selon l’avis des agents forestiers -récupérant une partie des produits des coupes et des affouages avec le bailleur, sans que les termes du « partage » soient précisés.
La commune n’anticipe pas le choix du bailleur au terme du contrat. Il pourra donc arrêter là la location… sans que Cohons puisse prétendre à 1 € de compensation, c’est inscrit.
Une pièce maîtresse d’un projet XXL… exclue du bail
Mais une incongruité autrement charpentée apparaît dans ce bail emphythéotique, qui liste les parcelles qu’il concerne. En effet, au vu du cadastre, celle sur laquelle se trouve le pavillon du billard n’en est pas. Ainsi, une des pièces maîtresses du projet de réhabilitation faisant aujourd’hui appel à la générosité du public… est exclue de l’emprise que loue Cohons. Un projet qui, au total, est estimé à plus de 211 000 €.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr
Jardinier en colère, gendarmes en conseils
« Je suis profondément perplexe de la démarche initiée par votre 1er adjoint qui, dans le courrier qu’il vous a adressé, dit vouloir vous informer des Jardins suspendus, mais ne fait que des allégations sans fondement, sans apporter le moindre élément pour vous faire une opinion claire de la situation ». Voilà comment commence cette « lettre ouverte d’un simple bénévole aux habitants de Cohons ». Elle a été distribuée dans le village après que Guy Chareton a pointé du flou autour du projet de nouvelle convention de partenariat entre Cohons et les Escargots en folie pour animer les Jardins suspendus. L’auteur la signe : Joël Plessy, le jardinier qui figure sur une ligne de dépense des Escargots en folie.
Pourtant, les insuffisances que l’élu avait pointées sont toutes étayées. Il les a d’ailleurs évoquées avec les gendarmes, qui se sont présentés à l’improviste à son domicile, lundi 28 février, pour l’inviter à les transmettre à la mairie et à la Cour des comptes et à ne plus s’occuper de tout ça.