Jamais fini – L’édito de Christophe Bonnefoy
Le nom d’Oussama ben Laden restera indissociable des attentats du 11-Septembre. Tout comme sa mort, en 2011 au Pakistan, aura sonné une victoire tout autant emblématique que médiatique, à grand renfort d’images. Pour le monde entier, Ben Laden, c’est al Qaïda et inversement. Pour le monde entier, sa fin orchestrée par les Américains a, d’une certaine manière, conclu des décennies de lutte contre le terrorisme.
Mais Oussama ben Laden n’a jamais été vraiment seul. Pour le symbole, oui. Pour planifier et organiser, oui. Pour le « sinistre marketing » dont il était devenu le maître, oui. La mort d’Ayman al-Zawahiri pourrait ainsi presque apparaître comme anecdotique. Un fait d’actualité de plus, noyé dans un monde qui devient fou.
Pourtant, celui qui était le second de Ben Laden s’était logiquement transformé en chef suprême d’al Qaïda, une fois le corps du Saoudien perdu dans les tréfonds de l’océan. Donc tout aussi dangereux que le chef historique. Potentiellement, aussi nocif. Il ne faut pas oublier que si al Qaïda est un peu sorti de notre vocabulaire désormais, il n’en est pour autant pas totalement éteint. Si on connaît, aujourd’hui, l’horreur dont est capable l’État islamique, on sait aussi qu’al Qaïda continue d’exister. Avec les risques que cela comporte.
La frappe chirurgicale qui a tué via un tir de drone son numéro 1 à Kaboul pose d’ailleurs question. Et a déjà fait naître la polémique. On a vite compris que l’Afghanistan, après le départ des Américains il y a quelques mois, reviendrait rapidement aux mains de ce qui se fait de pire en matière de droits humains. Tout comme on a dû constater que 20 ans de présence US n’auront finalement pas servi à grand-chose.
De quoi inquiéter. Et renforcer dans l’idée qu’un combat contre le terrorisme ne trouve jamais d’épilogue. Qu’en permanence, il faut, de manière massive ou de façon très ciblée, continuer à éliminer un à un ceux qui en sont les artisans.