Jamais contents – L’édito de Christophe Bonnefoy
Pourra-t-on, enfin, un jour, se contenter de ce qu’on a et prendre les petits bonheurs simples comme ils viennent ! Et pour le coup, le bonheur est immense, puisqu’en ce début de semaine, les Français avaient à célébrer, ni plus, ni moins, qu’un titre de champion du monde de football. De quoi mettre de côté les problèmes du quotidien, au moins pour quelques heures. Mais non. Ça ne suffit pas. Il y a dans notre pays, visiblement, un goût extrêmement prononcé pour le “oui, mais…”.
On résume. Les Bleus ont remporté la coupe, mais toutes les autres équipes ont beaucoup mieux joué. Ils n’auraient proposé qu’un jeu terne. Les joueurs érigés au statut de dieux vivants le dimanche soir sont subitement devenus lundi des stars aux têtes aussi grosses que le salaire. Rendez-vous compte ! A peine douze minutes du haut des Champs-Elysées jusqu’en bas de l’avenue. Aucun respect pour les fans ! Le Crillon ? La goutte d’eau. Pensez donc : les Varane, Mbappé et autres Umtiti ne sont même pas apparus au balcon de l’hôtel de luxe. Visiblement, le statut de supporter autorise à tout vouloir, tout exiger, jusqu’à critiquer vertement ce que l’on a encensé la veille. Allez, parlons plutôt de déception que de propension à toujours vouloir remarquer ce qui ne tourne pas comme on voudrait. Il faut savoir parfois apprécier le moment présent. Ici, les émotions les plus fortes – pour ceux qui aiment le ballon rond, évidemment… – et une parenthèse joyeuse, tout simplement.
Mais au moins ce Mondial aura-t-il fait, on l’espère, quelques heureux. La compétition a généré en France un record de 690 millions d’euros de mises via les réseaux de la Française des jeux ou sur Internet. Il se trouvera bien, tout de même, quelques supporters qui ne trouveront rien à redire, s’ils ont réussi à arrondir leurs fins de mois…