J’ai testé pour vous… l’hôpital de Chaumont
C’est le récit d’une aventure que l’on ne peut souhaiter à personne tant la douleur est forte. Mais, c’est aussi l’occasion de plonger dans un monde méconnu et incompris alors que l’offre de soins dégradée est l’une de principales préoccupations des Chaumontais et plus largement des Haut-Marnais. Honneur à ces hommes et femmes qui nous soignent.
J’aurais préféré l’éviter mais j’ai testé pour vous l’hôpital. Tout s’est passé très vite : douleur immense au niveau de l’aine dans la nuit de lundi à mardi pour une arrivée aux urgences par mes propres moyens vers 3 h du matin.
La prise en charge est rapide même si elle paraît interminable du fait de la douleur intense et les crises de plus en plus proches. Le diagnostic se dessine très vite : calculs rénaux et coliques néphrétiques. Je sais déjà que les prochaines heures vont être compliquées mais surtout, connaissant la réputation de l’hôpital pour l’avoir traité de multiples fois dans les colonnes du Journal de la Haute-Marne et avoir reçu de nombreux témoignages, je me dis que l’enfer commence en termes de temps et de traitement.
Or, pas du tout ! De la première infirmière aux portes des urgences à la dernière, 36 heures après, pour la sortie, l’ensemble du personnel soignant de l’hôpital de Chaumont associé à ceux de la clinique a été aux petits soins, efficaces et réactifs. Brancardiers, aides-soignants, opérateurs du scanner, médecins, chirurgiens méritent tous les honneurs avec comme obsession première ; celle de gérer la douleur. Dix fois. 20 fois. J’ai dû graduer, « sur une échelle de un à dix » à combien j’étais. Inutile de dire que sous morphine, j’étais à moins cinq avec la vue, dans le ciel, d’étranges formes roses.
Professionnalisme et humour
Avec beaucoup de bienveillance, souvent un sourire et parfois de l’humour, ils accompagnent le patient dans la mesure de leur temps. A 10 h, direction le scanner pour connaître la dimension de ces pierres précieuses qui créent autant de douleurs. Je saurai plus tard qu’elle fait 6 mm, que je pourrai la monter en sautoir et que son évacuation vaut un accouchement. Sans doute, peut-être, mais le résultat n’est pas le même. Je pourrai dire, enfin, que j’ai fait un bébé tout seul… En attendant, mon respect grandit encore un peu plus pour toutes les mères qui, un jour, ont accouché.
Après une attente, sans doute trop longue, du résultat du scann, la décision est prise pour une opération immédiate. Le chirurgien et le docteur se veulent particulièrement rassurants et doux. Après un test PCR, je quitte les urgences pour une chambre, me préparer et passer sur le billard. La nouvelle équipe est tout aussi prévenante avec, durant mon transfert vers le bloc opératoire, une rencontre hallucinante. Dans l’ascenseur, le Dr Depernet, qui est là par hasard, me trouve particulièrement confiant, me dit qu’il le serait moins à ma place et me souhaite bonne chance. Le tout avec un grand sourire et entouré de brancardiers hilares.
Humanité contre problème d’équipement
En salle d’opération, l’ambiance est tout aussi détendue pour un retour en chambre 30 minutes plus tard et une sortie de l’hôpital le lendemain à 11 h. Il est rassurant de constater que le patient est toujours et encore au centre des préoccupations des soignants. Ils exercent avec leur humanité et avec humilité mais aussi en fonction des équipements et des équipes. Là est sans doute le problème de l’hôpital de Chaumont. L’infrastructure est à bout de souffle et, comme abordé dans le débat autour d’une nouvelle construction, l’hôpital central du département n’est plus adapté à la médecine actuelle.
Les transferts dans des couloirs qui n’en finissent pas. Les portes qui se referment les unes sur les autres empêchant le travail des brancardiers. Le manque de salles de soins ou d’attente aux urgences qui obligent de stationner les patients sur des brancards, dans les couloirs. Les manipulations répétées fautes d’espaces adaptés. L’hôpital de Chaumont, son bâtiment, est complètement désuet.
Une nouvelle construction ne permettra pas de combler le manque de médecins mais elle soulagera ceux qui y travaillent avec talent et courage. D’ailleurs, lors des longs transferts entre deux salles, les cinq brancardiers ou aides-soignantes m’ont avoué qu’ils rêvaient de ce nouvel outil sans trop y croire. « On nous en parle depuis 20 ans et rien n’arrivera avant que je ne parte à la retraite. » Problème : l’homme n’avait pas 40 ans… Alors, les élus, au lieu de tergiverser et de créer des débats là où il n’y en a pas, prenez des décisions. Et si possible, les bonnes.
Frédéric Thévenin