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«J’ai peur qu’il tue quelqu’un»

Depuis des années, Christian voit son fils souffrant de schizophrénie, aller et venir dans l’unité de soins psychiatriques de l’hôpital André-Breton. En juillet dernier, une levée de la mesure d’hospitalisation a été actée pour irrégularité. Une décision qu’il conteste. 

Ce lundi matin-là, dans une petite bourgade à une vingtaine de minutes de la cité bragarde, Christian, 73 ans, n’est pas serein. Le 27 juillet dernier, les instances médicales et judiciaires l’ont informé que la mesure d’hospitalisation de son fils Yves*, 50 ans, souffrant de schizophrénie, a été levée pour problèmes de régularité de la procédure. Et non en raison d’une santé mentale au beau fixe. De quoi l’inquiéter tant il sait que son enfant, réfractaire à tout traitement, a régulièrement été sujet à de grosses dérives.

Demander de l’aide ? Oui ! Mais auprès de qui ? 

Pour mieux comprendre, un coup d’œil dans le rétroviseur est nécessaire. C’est à l’âge de 23 ans, en revenant de l’armée, que la schizophrénie d’Yves a été détectée. À l’époque, Christian s’aperçoit que quelque chose « ne tourne pas rond dans sa tête ». Et vu que la maman d’Yves, avec laquelle il était alors encore marié, souffrait de cette maladie, il a rapidement fait le lien : « Je me suis dit ça y est, v’là le fils qui fait la même chose ».  

Au fil du temps, la santé mentale d’Yves se dégrade. L’homme « perd les pédales » et fait une crise nécessitant une hospitalisation. Mais la tâche s’avère assez ardue. « Le maire de la commune me renvoyait vers les pompiers, les pompiers vers les gendarmes et les gendarmes vers le médecin… C’était le chien qui se mordait la queue », déplore Christian. Bon an, mal an, il arrive tout de même à le faire hospitaliser dans un premier établissement, à Chaumont. Toutefois, les choses ne se passent pas comme prévu et Yves doit le quitter. Il s’installe alors chez sa mère, qui semble mieux vivre cette pathologie. « Lui, c’est impossible. Il y a toujours quelque chose. »

Par « quelque chose », Christian fait référence aux nombreuses dérives de son fils, comprenant des accès de colère assez violents. « Il a cassé des armoires. Il a aussi mis le feu au bâtiment où je travaillais. » En plus de ses égarements agressifs, il est sujet aux accidents de voitures – « il m’en a au moins cassé dix » – et cède aussi aux achats compulsifs : « Un jour, il est revenu avec une Mercedes ». Des excès qui lui valent, dès 2011, un placement sous curatelle renforcée. Yves se montre également peu enclin à la prise de médicaments, alors les médecins ont dû trouver une solution. « Il a toujours refusé ses traitements. À force d’internements, ils lui ont fait des injections et là ça se passait bien ensuite. »

Une levée de l’hospitalisation pour problème de régularité 

Les années passent et les allers-retours, cette fois-ci dans l’unité de soins psychiatriques de l’hôpital André-Breton – au gré d’une santé mentale tantôt bonne, tantôt mauvaise – se poursuivent. « Quand ça allait mieux, il sortait. » Jusqu’à ce 27 juillet, où ce qui est pris en compte n’est plus le fond, mais la forme, dont une notification du psychiatre envoyée trop tardivement.

Au vu des tendances agressives de son fils, pour Christian, c’est le coup de massue. « Ils l’ont jugé sans le voir et il n’y a pas d’obligation de soins. Dès qu’il n’a plus son traitement, il devient menaçant. S’il refuse de se faire soigner, on est sûrs d’aller vers un drame. Je ne devrais pas parler de mon fils comme ça, mais j’ai peur qu’il tue quelqu’un. »  

Dominique Lemoine 

d.lemoine@jhm.fr 

* Le prénom a été changé.

Levée de l’hospitalisation sous contrainte, ce que dit la loi 

Comme le veut la législation, toute hospitalisation psychiatrique sous contrainte fait l’objet d’un contrôle par le juge des libertés et de la détention. « Il y a deux types, celle, à la demande du préfet, ou alors celle par le directeur de l’établissement psychiatrique, soit en cas de péril imminent, soit à la demande d’un tiers ou un membre de la famille », précise Philippe Mathieu, président du tribunal judiciaire de Chaumont. Une fois l’hospitalisation effectuée, un premier contrôle systématique est réalisé dans les douze jours. Puis, pour les longues hospitalisations, c’est tous les six mois.

Dans les deux cas, « le juge voit le patient – sauf s’il ne se présente pas – et a accès à un certain nombre de certificats médicaux, dont un avis motivé d’un psychiatre. Il y a une audience publique dans l’établissement psychiatrique, avec un avocat obligatoire pour assister le patient. » Et à chaque fois, le juge observe deux choses. « Il va essayer de voir si l’hospitalisation est nécessaire, mais il va aussi examiner la régularité de la procédure, à savoir si par exemple, chaque mois, la décision de prolongement ou non de l’hospitalisation a été notifiée au patient. » Si levée de la mesure d’hospitalisation il y a, le préfet ou l’établissement peut toujours reprendre aussitôt une décision d’admission. 

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