Jacques Santini : «trop de déchets»
Quelque peu hébété après le choc, le sélectionneur français, Jacques Santini, n’avait pas vraiment d’explications rationnelles à la défaite de ses anciens protégés, hier soir. Pour lui, l’heure du bilan s’annonce, en tous cas, difficile.
Comment, à chaud, analysez- vous cette défaite ?
Jacques Santini : «Nous avons été trop sur la réserve en première période et cela a donné ce que tout le monde a vu. A la pause, on pensait que les événements seraient meilleurs en seconde période. Si l’on en juge par le nombre de situations favorables, on aurait pu marquer un but mais un trop grand nombre de déchets techniques et un manque de lucidité dans les dernières minutes ont fait que nous n’avons pas pu revenir à la marque après la magnifique ouverture du score des Grecs.»
Vous parlez de déchets et de manque de lucidité alors qu’in- dividuellement vous avez les meilleurs joueurs…
J. S. : «Lorsque les espaces sont réduits, cela demande d’avoir, dans le jeu, un élément athlétique capable de faire la différence et, ce soir (hier), nous ne l’avons pas eu.»
Mais vous avez Zidane, le meilleur joueur au monde et il a été invisible, comment l’expliquez-vous ?
J. S. : «On a essayé, avec deux joueurs dans les couloirs, d’écarter un peu plus le jeu et, de ce fait, en plaçant Zinedine Zidane plus bas à côté de Claude Makelele, cela a eu pour conséquences d’avoir sans doute trop adressé de longs ballons qui plus est aériens. En jouant au sol, on aurait peut-être pu revenir au score, on ne le saura jamais.»
Comment expliquez-vous ce jeu aussi pauvre qui a été pratiqué par la France depuis le début de l’Euro ?
J.S.:«Même si je pense que la possession de balle est supérieure à nos adversaires, il y a eu un trop grand déchet technique dans la passe et dans le centre et sur- tout dans l’animation avec un manque cruel de spontanéité dans la première passe. Quand vous tombez sur un bloc défensif compact avec dix joueurs de champ devant leur gardien de but, si vous n’avez pas la tech- nique et la spontanéité vous ne trouverez jamais les solutions.»
Est-ce la fin d’une génération ?
J. S. : «Comme vous le savez, il y aura quelqu’un d’autre à ma place à partir du mois d’août et certains joueurs doivent prendre leurs décisions ou du moins en discuter avec le nouvel entraîneur.»
Quelle est votre part de responsabilité dans cette élimination ?
J. S. : «Il faut assumer sa responsabilité mais des analyses doivent être faites pour savoir le pourcentage. Une chose est sûre, j’ai vécu une expérience extraordinaire même si c’est un poste qui demande beaucoup. Même si je suis déçu ce soir (hier), j’ai vécu des moments très forts.»
Reportage au Portugal : Yves Tainturier