Issue d’un élevage indépendant, une jument haut-marnaise triomphe aux France
Une jument du petit élevage de Montroyer à Villars-Santenoge est passée devant tous ses homologues des gros haras à la finale des championnats de France d’élevage de la société hippique française, à Fontainebleau, le 19 septembre 2021. Ses propriétaires Lionel et Catherine Guenin peinent encore à y croire.
C’était le 19 septembre dernier, lors de la finale des championnats de France à Fontainebleau. Contre toute attente, Jin Xin a laissé tous ses concurrents derrière elle. En décrochant le titre de championne de France d’élevage des 6 ans, la jument noire a consacré la qualité de l’élevage indépendant de Montroyer de Lionel et Catherine Guenin, à Villars-Santenoge. « Nous, on fait deux poulains par an… ». Un rythme de production bien éloigné des gros haras, qui raflent très logiquement toutes les distinctions, les unes après les autres. Toutefois, l’élevage du sud haut-marnais s’était déjà distingué, en atteignant une fois la troisième place de cette compétition prestigieuse.
Le passionné séduit l’expert
« Lionel s’est mis à l’élevage au début des années 90 ». Les chevaux ont toujours passionné ce fils d’exploitant agricole. Quand, en 1988, il prend les rênes de la ferme familiale, qui comprend également le gîte de la Vallée de l’Ource, il décide de se lancer. Après avoir mis un club équestre sur pied avec des chevaux récupérés à l’abattoir, il croise le Dr Patrick Collard, vétérinaire à Montigny… et vétérinaire international… et juge international de dressage. Le premier poulain de l’élevage de Montroyer -une EARL- naît en 1994. « Lionel a toujours voulu progresser, et moi, ça me plaisait de trouver un plus dans un poulain ».
Must parisien
« Avec un marchand de selle, Lionel est allé toquer aux portes en Ile-de-France ». Il est hors de question d’imaginer que l’élevage puisse faire vivre la famille, l’époux de Catherine endosse donc le costume de VRP pour promouvoir des week-ends avec « dépaysement assuré » au gîte de la Vallée de l’Ource, qui tient des chevaux à disposition de ses hôtes. L’offre composite est « rare », d’autant que l’auberge est « bonne », bref, elle répond à une attente… et ça va prendre. Rapidement, on se presse pour rejoindre Villars-Santenoge, où l’on peut monter des chevaux de qualité et se réconforter d’un Langres chaud flambé à tomber à la renverse. On se presse depuis Paris, depuis l’Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg, la destination se trouve à la croisée des chemins, grosso modo à équidistance. « Aujourd’hui, il n’y a pas une soirée parisienne sans qu’il soit question des week-ends chez Lionel et Cathy ».
Changement de braquet
« Notre élevage est le fruit de rencontres ». Alors que le gîte équestre se fait un nom, Lionel, qui rêve toujours à l’élevage, fait une seconde rencontre. Le cavalier Victor Brua est à la tête d’une société d’entraînement au dressage. De nouveau, ça matche, et Victor finira par s’installer en Haute-Marne en 2020. Jusqu’alors, c’était Lionel qui montait le chevaux et en cavalier professionnel. Mais, en laissant la place à Victor, l’élevage de Montroyer change de braquet.
« L’élevage, c’est beaucoup de misères »
« L’élevage, c’est beaucoup de misères ». À entendre Catherine, il y en a tant et tant qu’elles s’enfilent comme des perles. Tantôt, un poulain est mort-né, tantôt, il est retrouvé au pré avec une patte cassée… Et c’est aussi de la dépense… à fonds à peu près complètement perdus. Même du triomphe de Jin Xin, l’élevage de Montroyer ne tirera rien qui sonne et trébuche. En revanche, le couple Guénin, avec le Dr Collard et Victor Brua ont signé un exploit professionnel. Ils ont défié les statistiques, avec des moyens spécialement modestes comparés à ceux des haras concurrents, c’est David qui l’a emporté sur Goliath. Une histoire qui, s’ils la croient un jour pour de bon, vaudra au moins une croix à leur cheminée.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr
Prochain rendez-vous avec l’élevage de Montroyer à Équita Lyon, vendredi 29 octobre 2021 : devant les caméras de télévision, Victor Brua montera Jin Xin sous l’œil de la cavalière la plus capée au monde en dressage Isabelle Werth.