Issoudun, toujours capitale de la guitare
Plus gros festival de guitare de l’Hexagone, voire d’Europe, celui d’Issoudun (Indre), soufflait ses 25 bougies du jeudi au dimanche de la Toussaint. Un véritable feu d’artifices acoustique et électrique.
Né de l’imagination de Marcel Dadi, guitariste pédagogue qui a donné ses lettres de noblesse à l’instrument, notamment dans le domaine du picking, il n’a cessé de s’affiner depuis, et est désormais organisé par une association locale.
L’événement s’articule autour de concerts, master-class, stages, salon de la lutherie, brocante de la guitare et de rencontres. Les plus fines gâchettes de la « six cordes » sont conviées à s’y produire ou à conduire des projets internes.
La magie du oud
Même si la part belle était faite à la guitare acoustique et au Fingerpicking, domaine électif de son créateur, tous les styles sont abordés : Jazz, Bluegrass, Classique, Rock, Blues, Folk, guitare basse. Cette édition a même accueilli un superbe concert de luths avec le trio Joubran. Héritier d’une famille palestinienne d’oudistes sur quatre générations, le groupe est composé de trois frères, fils du luthier Hatem Joubran, virtuoses du oud et originaires de Nazareth. La musique y a transmis un réel message de paix et d’espoir qui a suivi le concert de Shaï Sebbag et Adrien Janiak, mêlant guitare et ukulélé. Le premier soir a fait la part belle aux lauréats des concours Révélations du magazine Guitare acoustique. Antoine Boyer (jazz manouche), Samuelito (flamenco), TF Jass (blues) et Kévin Seddiki (fingerstyle).
La seconde soirée s’est jouée à guichets fermés avec les 25 ans également de Blankass, les locaux de la scène rock juste avant les décibels et la musicalité de Paul Personne : blues et rock personnifiés à souhait. Le public ne s’est pas trompé, offrant au passage quelques standing ovations à l’artiste qui préfère demeurer loin du showbiz. Les master class offraient deux particularités étonnantes : Yaouen le Marin avec sa guitare harpe aux cordes multiples, Ruddy Meicher, autodidacte avec sa technique percussive décoiffante sur fond de fingerstyle. La basse était représentée par Fred Sneider et le jazz par Yannick Robert.
Le salon de la lutherie
L’événement complète son tour d’horizon sur la guitare un salon de la lutherie permettant aux guitaristes d’admirer le travail des meilleurs luthiers de France. A ce propos, Francis Cabrel déclarait il y a peu : «Dans ce monde rapide, il est des artistes méticuleux, presque arrêtés, de surdoués de la patience : les luthiers de belles guitares». La scène des luthiers permet aux conventionnistes d’essayer les modèles choisis et de se produire devant un public d’amateurs avertis. Les jeunes y font leurs premiers pas. Parmi eux, François Druet, 25 ans, tout droit sorti des ateliers de Thomas Féjoz. Le jeune homme, qui s’installera prochainement à Arbois (25), y présentait quelques-unes de ses premières pièces, révélant une ferveur non dissimulée pour la confection de sa guitare jazz et de sa guitare manouche : «J’aime la création en restant sur quelque chose que l’on maîtrise, avec cette sensibilité à la valeur des bois, l’épicéa, l’acajou, le palissandre mais aussi les bois locaux, fruitiers ou non, et ceux du Jura. Je m‘attends à des années de galère évidemment, mais je pourrai y réaliser ma passion et ça, c’est important». Contact : druet.francois@hotmail.fr ou 06.86.26.72.15
Tendre vers la perfection ?
Quatre stages de six heures ont permis de se perfectionner en différents styles auprès d’artistes et de pédagogues réputés. Shaï Sebbag participera au prochain festival de guitare à Champlitte (70) le 30 mai 2015. Il menait son projet de fingerstyle avec différentes techniques de main droite, picking, strumming, l’apport du capodastre complet ou partiel, les trucs ou astuces en matière de composition, la gestion du trac lors de la scène… En bref, les stages sont proposés pour que chacun y trouve son compte.
Lorsque l’on aura ajouté des concerts supplémentaires au-delà de 22 h 30 dans la cafétéria du centre culturel, des bars qui jouent le jeu en faisant intervenir des conventionnistes aguerris selon la formule «Aft’Heures» jusque tard dans la nuit, une bourse aux instruments pour dégoter un instrument ou accessoire, on aura saisi que richesse, diversité et qualité restent associées à la guitare à Issoudun.
Antoine Boyer et Samuelito, lauréats des concours Révélations du magazine Guitare acoustique.
L’ensemble des lauréats de Guitare acoustique venus se produire sur la scène d’Issoudun.
Yaouen le marin avec sa guitare harpe.
Ruddy Meicher, devenue valeur sûre d’une technique percussive.
Philippe Berne, luthier ardéchois aux instruments extravagants.
Tout est à demi permis chez certains luthiers.
Les premières créations de François Druet, luthier franc-comtois.
Le groupe Blankass fêtait aussi ses 25 ans.
Le rocker Paul en …Personne jouait à guichets fermés.