Inventaire : la France doit aujourd’hui gérer 1,76 million de mètres cubes de déchets radioactifs
Nucléaire. La France compte à ce jour 1,76 million de mètres cubes de déchets radioactifs à gérer. Un stock qui est appelé à augmenter. L’Andra a publié mardi 12 décembre l’inventaire quinquénal des déchets et matières radioactives.
Quelque 220 000 m3 supplémentaires ont rejoint le stock de déchets en cinq ans, soit 14 % de plus, selon cet inventaire quinquennal à fin 2021 publié ce mardi par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra). La France compte à ce jour 1,76 million de mètres cubes de déchets radioactifs à gérer.
C’est « une augmentation courante », liée à l’activité du secteur, a expliqué Philippe Loreaux, chargé de l’inventaire au sein de l’Andra. Sur fond de relance du nucléaire, mais aussi de démantèlement attendu de réacteurs en fin de vie, ce volume « va augmenter encore », a-t-il relevé.
Quelque 90 % du volume – gravats, poutres, vêtements… – sont composés de déchets de très faible activité ou de faible et moyenne activité à vie courte (inférieure à 30 ans, avec surveillance pendant 300 ans). Le reste comprend des déchets de faible et moyenne activité à vie longue, et enfin, à ce jour, 4 320 m3 à haute activité.
Ces derniers forment la quasi totalité (97,2 %) de la radioactivité recensée, avec des niveaux à plusieurs milliards de becquerels par gramme. Ils proviennent de la production électrique nucléaire et dans une moindre mesure de la recherche associée et de la Défense.
Radioactifs jusqu’à plusieurs centaines de milliers d’années, ils doivent être enfouis. Ce sont ceux qui sont attendus dans le cadre du projet Cigéo, entre Meuse et Haute-Marne.
Les possibilités d’adaptation de Cigéo
Au sujet de ce projet, l’Andra a indiqué mardi que « le développement progressif de Cigeo laisse beaucoup de possibilités d’adaptation. Il n’est prévu d’y stocker les déchets de haute activité qu’à partir de 2080, il peut y avoir beaucoup de points de rendez-vous ». En effet, se pose la question des matières. Les volumes indiqués aujourd’hui n’incluent pas ce que la France considère comme des matières et non comme des déchets : en l’occurrence les éléments de combustibles usés qui pourraient être un jour réutilisés dans de potentiels réacteurs de «quatrième génération» si ceux-ci devaient être mis au point. Continueront-ils à être des matières ? Ou viendront-ils rejoindre les déchets si la France abandonne l’idée du recyclage ? L’Andra propose plusieurs projections.
Un projet de stockage dans l’Aube
Les déchets les moins radioactifs, eux, sont stockés en surface dans des centres de l’Andra dans la Manche (en cours de fermeture) et l’Aube (avec des extensions prévues).
Quant aux substances de faible activité à vie longue, un projet est à l’étude, dans l’Aube encore, pour un stockage souterrain «en faible profondeur dans l’argile». L’Autorité de sûreté (ASN) doit en valider le principe.
Restent enfin tous les déchets non inclus dans cet inventaire car gérés de façon «spécifique» : résidus de minerais d’uranium (stockés sur d’anciens sites miniers) ou encore déchets «en situation historique», comme ceux immergés en mer à une époque où cela était admis.
Vite lu
Les déchets moins radioactifs représentent le volume le plus important – 97,5% – mais ne concentrent que moins de 0,5% de la radioactivité contenue dans ces déchets ;- les déchets les plus radioactifs représentent environ 2,5% du volume total mais concentrent à eux seuls plus de 99,5% de la radioactivité totale.