Interrogation(s) ! – L’édito de Christophe Bonnefoy
Ils avaient le sourire aux lèvres ou la boule au ventre. La trousse garnie de belles intentions ou le cahier déjà rempli de doléances. Certains auraient bien prolongé un peu des vacances forcément trop courtes. D’autres, encore, se languissaient de pouvoir entendre à nouveau la craie caresser le tableau noir – même si désormais, il est numérique -.
“Ils”… ce ne sont pas encore les élèves. Eux attendront lundi avant de retrouver les joies de l’école. “Ils”, ce sont les quelque 880 000 professeurs qui ont fait leur rentrée hier. Retour aux choses sérieuses.
Mais place, aussi, aux interrogations. Pas à celles qui viendront sanctionner le travail des élèves. A d’autres plutôt, qui chaque année reviennent comme une litanie : comment et avec quels moyens ? Le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a annoncé 300 euros d’augmentation annuels. Trop peu. Et il ne faut pas nécessairement enseigner les mathématiques pour comprendre que le chiffre est dérisoire. Sur les réformes, le corps enseignant est sur la défensive. Pas contre ce qui pourrait améliorer leurs conditions de travail et la qualité de l’enseignement, les profs sont pourtant échaudés par un principe qui au final les plonge dans une sorte de brouillard permanent : celle du “Un ministre, une réforme”. Autrement dit, cette sensation que chaque ministre de l’Education cherche à laisser son empreinte et vient, au mieux ajouter sa couche à un millefeuille devenu indigeste ; au pire détricoter totalement ce que son prédécesseur a mis en place, sans forcément faire mieux que lui. Au point de donner l’impression aux enseignants qu’ils doivent à chaque rentrée tout reprendre à zéro. Sans qu’on leur offre les bons outils et le budget qui va avec. Et avec ce sentiment de ne jamais être écoutés. L’été fut chaud. La rentrée pourrait être brûlante.