Interprétations – L’édito de Christophe Bonnefoy
Ça devait durer quelques jours. Quelques semaines, tout au plus. En ce sens, l’attaque russe contre l’Ukraine, déclenchée en février par Vladimir Poutine, est de toute façon déjà un échec pour le maître du Kremlin. On le savait depuis un moment, mais les mois qui passent rendent le constat encore plus éclatant.
Et peu importe que les informations qui parviennent des différents fronts ne constituent au final qu’une sorte de vaste campagne de… désinformation, partielle ou totale. Russes et Ukrainiens distillent ce qu’ils veulent bien distiller. Tournent les événements comme ça les arrange. C’est vrai dans toutes les guerres, depuis des lustres.
Ainsi, le retrait russe de Kherson, dans le sud de l’Ukraine, est inversement interprété par Poutine et Zelensky. Pour le premier, l’abandon de la ville n’est pas une fuite. C’est juste un redéploiement. Pour le second, c’est la preuve d’une déconfiture russe. Une éclatante victoire ukrainienne qui pourrait augurer le début de la fin pour les troupes de Poutine.
En attendant, inutile d’être grand clerc pour comprendre que le président russe ne se satisfera pas de ce qui n’est qu’interprétations destinées à tromper, a minima, sa propre population. L’armée russe multiplie les camouflets. Et un fauve n’étant jamais aussi dangereux que lorsqu’il est blessé, Poutine montre un peu plus chaque jour qu’il penche plus du côté de la surenchère que d’une envie de négocier.
Il l’a montré, en évoquant l’utilisation de l’arme nucléaire. Aussi en tentant de mobiliser à tour de bras en Russie. Il n’est pas dans son intention de reculer.
Kherson libérée ? Quelles seront désormais les cibles de Moscou ? Dans ce conflit qui ressemble à une histoire sans fin, chaque jour peut réserver son lot de nouvelles outrances.