Intérim : les entreprises doivent séduire
Emploi. Des offres d’emplois sans preneurs, voilà le constat de plusieurs agences d’intérim. L’agence Manpower déclare avoir chaque semaine une centaine de postes non pourvus. L’explication : les travailleurs sont regardants quant à leur rémunération et conditions de travail.
« Aujourd’hui, notre client c’est le candidat », soutient Pénélope Person, responsable de l’agence d’intérim Manpower. Pour cause, les postes à pourvoir ne manquent pas, mais les intérimaires oui. A la fin de chaque semaine, dans son agence, une centaine de postes n’a pas trouvé preneur. « Les candidats privilégient les offres les plus avantageuses en termes de salaire, d’indemnités et de mission », explique-elle. Par ailleurs, en fonction des générations, les exigences évoluent : « La génération qui arrive regarde aussi les conditions de travail et l’ambiance ».
Pour Hervé, 56 ans, magasinier cariste depuis 30 ans, la situation dépeinte par l’agence d’intérim résulte de questions financières. « Les entreprises haut-marnaises ne paient pas du tout. On me propose de 10,11 € brut et sans payer mes déplacements. Il y a 10 / 15 ans, nous étions bien payés, ils nous prenaient au-dessus du SMIC. »
Pénélope Person évoque également une fuite des travailleurs vers Dijon. « Si nous voulons garder les Chaumontais, il faut leur donner des bonnes conditions de travail. » La responsable de l’agence considère que c’est aux entreprises de plaire. « Les salariés ont le choix. Il faut vraiment changer le système de management pour qu’elles donnent envie aux salariés de venir. » Elle souligne l’augmentation des sujets liés aux bien-être dans les médias. L’agence se penche ainsi sur « la fidélisation des intérimaires ». Cela passe notamment par la proposition de formations en alternance entièrement dispensées au sein des entreprises.
CDI et jeunes
Ce manque d’attractivité n’est pas exclusif au département. « On m’a proposé d’aller sur Vésoul pour le SMIC », pointe Hervé. Une rémunération ne le satisfaisant aucunement du fait de ses 30 ans d’exercice en tant que magasinier cariste. « Il faudrait reconnaître les personnes pour leur expérience. » Son Eldorado de l’intérim se trouve à la frontière du département, en Côte-d’Or, à Selongey, au sein du groupe SEB. « J’y suis payé 13 € de l’heure. J’ai le remboursement kilométrique et la prime d’équipe. »
« Nous constatons qu’il y a un important taux de turnover et le CDI ne limite pas ce phénomène », indique Pénélope Person, responsable de Manpower. En effet, pour certains, le CDI n’est plus le contrat roi. « A mon âge, on nous dit qu’on est trop vieux. Ils prennent des jeunes, mais ils s’en vont. Alors que les personnes plus âgées restent », estime Hervé.
L’intérim a l’avantage d’octroyer une prime de précarité égale au minimum à 10 % de la rémunération brute totale versée durant le contrat. Après un an et demi d’activité, cela peut représenter 7 000 €. Néanmoins, le magasinier cariste est à la recherche d’un CDI.
« Beaucoup de jeunes préfèrent rester en intérim. Ils se disent que ça fait un peu plus d’argent », témoigne Hervé. Par ailleurs, les agences d’intérim proposent d’embaucher elles-mêmes des intérimaires en CDI. Un contrat déconseillé par Hervé : « L’agence peut nous placer où elle veut. Vous appartenez à la boite d’intérim, vous ne pouvez pas dire non ».
Julia Guinamard
La “Grande démission” de millions d’Américains
En d’août dernier, plus de 4,3 millions d’américains ont démissionné, soit plus de 3 % de l’ensemble des salariés du secteur privé. Entre avril et octobre 2021, selon les médias états-uniens, 20 millions d’employés ont démissionné. Parmi eux, 40 % travaillaient dans la grande distribution, l’hôtellerie, la restauration et les services à la personne. Certains ont même posté sur les réseaux sociaux des vidéos de leur démission ou la fêtant. S’il est délicat de tirer des conclusions générales, de mauvaises rémunérations et conditions de travail seraient en cause. Le besoin d’améliorer l’environnement de travail n’est donc pas exclusif à la France.