Intérêts convergents – L’édito de Patrice Chabanet
Que des responsables politiques fassent de la politique, c’est le contraire qui serait surprenant. Emmanuel Macron et Nicolas Sarkozy ont rendu hommage, hier, aux résistants tués en 1944 sur le plateau des Glières, en Haute-Savoie. Il était sans doute bon de rappeler à cette occasion que ces combattants de la liberté avaient été tués, non seulement par des soldats allemands mais aussi par la milice française. Il ne faut pas laisser au temps le loisir d’effacer cette sinistre page de notre histoire. La politique, au sens noble du terme, surtout dans les périodes de crise, c’est retenir les leçons du passé. La présence côte à côte d’un ancien président de la République et de l’actuel constituait, en ce lieu particulier, le témoignage de l’indivisibilité de la démocratie face à la barbarie.
Pour le reste, c’est-à-dire l’aspect purement politique, pour ne pas dire politicien, de la cérémonie, il est clair que Macron et Sarkozy avaient un intérêt évident à s’afficher ensemble. Le premier qui ne cache pas une certaine complicité avec le second peut espérer un soutien, au moins passif, de l’électorat de la droite modérée, dans un moment difficile. Le mouvement des Gilets jaunes entretient un feu continu de contestation et les résultats du grand débat national risquent d’être décevants tant les doléances étaient nombreuses et contradictoires. Quant à Nicolas Sarkozy, sa proximité avec le chef de l’Etat et un bon niveau de popularité dans les sondages le font apparaître de plus en plus non pas comme un retraité de la politique mais comme un recours pour l’opposition. Il garde un œil vigilant sur les Républicains et on le voit mal adouber un Laurent Wauquiez qu’il déteste cordialement. D’une certaine manière Macron et Sarkozy ont besoin l’un de l’autre. Une forme d’alliance objective pour asseoir leur pouvoir respectif. Ils n’en sont pas moins de grands fauves politiques qui ont chacun leur petite idée derrière la tête, pas forcément commune aux deux…