Chasse : l’agrainage interdit pour l’hiver 2022-2023 en Haute-Marne
CHASSE. Le nouveau schéma départemental de gestion cynégétique n’est pas prêt. Par un arrêté daté du 24 novembre 2022, la préfecture prolonge l’ancien jusqu’au 24 février et interdit l’agrainage du 1er décembre au 28 février 2023.
Un arrêté de prolongation du Schéma départemental de gestion cynégétique (élaboré de 2016 à 2022) a été pris ce 24 novembre. Le futur document édictant les règles n’étant pas prêt, l’ancien est prolongé. Pour mémoire, il l’avait déjà été pour trois mois. Jusque-là, pas de scandale, puisque la demande de prolongation émane de la Fédération des chasseurs. Mais pour ces derniers, il y a un « hic » dans cet arrêté. Ce qui déclenche une réaction que l’on peut qualifier de vive à la Fédération : l’agrainage et l’affouragement sont interdits du 1er décembre 2022 au 28 février 2023.
La FDC 52 s’est fendue d’un communiqué adressé à jhm quotidien pour notamment protester contre ces interdictions : « Sur quelle base scientifique ou même technique, ça personne ne le sait ! Et oui on nous demande toujours justification et éléments impartiaux pour justifier une décision mais il faut croire que l’administration n’a pas les mêmes obligations.
Peut-être parce que les éléments d’une étude menée en Haute Marne par des scientifiques de l’Office français de la biodiversité démontrent que l’agrainage de dissuasion, comme la Fédération le prône, n’a pas d’effet sur la reproduction. Ce qui est sûr par contre, c’est qu’il est efficace pour lutter contre les dégâts aux cultures. » Voilà qui va générer des débats lors de la Saint-Hubert à Arc-en-Barrois ce week-end, rendez-vous du monde de la chasse.
Pour faire bouger le gibier
Les motivations de cette décision d’interdire l’agrainage sont énumérées dans l’arrêté préfectoral. D’après les propositions du directeur de la Direction départementale des territoires (DDT), « l’agrainage en période hivernale a pour effet de diminuer la mortalité » ; il « favorise la concentration des animaux dans les grands massifs boisés » ; et pour conclure, « l’absence d’agrainage permet, au contraire, une meilleure répartition des populations sur l’ensemble des territoires de chasse, favorisant aussi les prélèvements notamment pour les territoires de chasse limitrophes des grands massifs forestiers ».
Du côté de la Fédération des chasseurs, le président Thomas Corvasce argumente. « Nous avons mené des groupes de travail avec les partenaires du monde agricole et forestiers mais également des autres utilisateurs de la nature et du monde naturaliste. Et lors des dernières réunions avec les partenaires forestiers et agricoles permettant d’affiner les mesures de maintien de l’équilibre agro-sylvo-cynégétique dont fait partie l’agrainage dissuasif, tout le monde semblait d’accord pour maintenir cette mesure même en hiver. L’administration présente lors de ces réunions a bien eu connaissance de ces accords. (…)
De plus, il faut rappeler l’effort significatif fait par les chasseurs depuis trois saisons (en augmentant les prélèvements) qui semble porter ces fruits compte tenu du retard dans la réalisation de ce début de saison. »
Une conséquence sur l’évolution des dégâts
« Madame la préfète avec cet arrêté ajoutant l’interdiction d’agrainer en période hivernale fait fi de toutes ces discussions et de ces accords en imposant une vision idéologique et des idées reçues. Ce qui est certain c’est que cette décision aura un impact direct sur l’évolution des dégâts et les finances de la Fédération. Nous allons donc étudier tous les moyens de défendre les intérêts des chasseurs. »
Les chasseurs perçoivent dans cette décision d’interdire l’agrainage un mauvais signal pour les discussions à venir en vue du futur Schéma départemental. « Comment voir l’avenir de ce Schéma si toutes les discussions et propositions sont balayées d’un revers de main ou d’arrêté préfectoral ! N’oublions pas que c’est grâce à ce Schéma qu’il y a plus de douze ans la Fédération des chasseurs de la Haute-Marne a été novatrice avec l’obligation de signaler les battues avec des panneaux ou encore avec l’obligation du port du gilet fluo », se conclut le communiqué de presse en regrettant « que les avancées sont toujours du même côté ».
S. C. S.
